Les autorités chinoises mènent campagne sur Internet contre les manifestations pro-démocratie à Hong Kong. Sur les réseaux sociaux tels qu'Instagram et Weibo, les informations relatives au mouvement de protestation sont filtrées.
Alors que les manifestants pro-démocratie de Hong Kong continuent à défier l’emprise de Pékin, les autorités chinoises exercent plus que jamais leur censure sur Internet. Si la ville de Hong Kong est épargnée par les restrictions, la Chine continentale est, elle, très exposée.
Devant la ténacité des protestataires, les autorités de Pékin ont en effet ordonné à tous les sites Internet chinois d'enlever "immédiatement" toute information sur les manifestations de Hong Kong, a indiqué le site américain "China Digital Times".
Ainsi, la Toile chinoise se caractérise, ces derniers jours, par une pauvreté voire une absence d’informations relatives aux manifestations anti-Pékin. "Instagram fonctionne au ralenti. Très peu de photos sont disponibles et aucune photo de Hong Kong n’est visible. Sur Weibo [réseau social équivalent à Facebook et Twitter en Chine, NDLR] les recherches sont censurées", explique Charlie, une résidante de Shangaï.
Semi-black out
Les recherches faites avec la référence "OccupyCentralHongKong" - du nom du mouvement pacifique qui secoue l’ancienne colonie britannique depuis le 15 septembre - résultent en effet sur très peu d’occurrences. "Deux ou trois seulement sur Weibo", commente Charlie. "Parmi ces résultats, on trouve des articles de "China Daily" ou de l’agence officielle "Chine nouvelle". Ces derniers relaient majoritairement la parole d’officiels chinois, qui assurent de la capacité des forces de l’ordre à maintenir la stabilité."
Même constat en surfant sur Baidu, le Google chinois. Si le moteur de recherches indiquent beaucoup de résultats, force est de constater qu’il s’agit majoritairement de contenus soulignant l’impact négatif de cet événement. Un article de "Chine nouvelle" remontant dans les résultats pointe notamment les effets néfastes d’une telle mobilisation sur l’économie chinoise.
Instagram, le réseau social spécialisé dans le partage de photos, ne contenait, pour sa part, plus de traces d’un quelconque mouvement social à Hong Kong, mardi 30 septembre.
Astrill, le système D
À la nuit tombée, pourtant, les manifestants étaient encore des milliers à converger vers Central et Admiralty, poumon financier de la ville, situé non loin du siège du gouvernement. Les protestataires entendent occuper le cœur de la ville tant qu'ils n'auront pas obtenu les réformes politiques promises.
Face à la censure, les habitants de la Chine, friands d’actualités hongkongaises, peuvent néanmoins contourner ce semi-black out d’Internet, via un logiciel permettant de naviguer sous une fausse adresse IP. Il s’agit du VPN (Virtual Private Network) Astrill, un programme garantissant l’anonymat sur la Toile. Une fois connectés via ce logiciel, les internautes peuvent ainsi avoir accès aux informations comme s'ils se trouvaient aux États Unis ou en France.
À Hong Kong, bien que la censure n’ait pas lieu, beaucoup de manifestants privilégient déjà une nouvelle application de messagerie qui fonctionne sans réseau ni connection Internet. À l'abris de toute censure, FireChat fait fureur parmi les protestataires qui l'installent en masse sur leur smartphone. D'autant plus qu'il permet d'éviter une éventuelle saturation des communications.