
La Turquie, qui se tenait jusque-là à distance, apportera finalement son soutien à la coalition contre l'organisation de l'État islamique. Erdogan a assuré, mardi, qu'une aide "militaire ou logistique" sera apportée à "cette opération".
Longtemps qualifiée de prudente, voire d’ambiguë, la Turquie semble finalement s’être décidée à s’impliquer, mardi 23 septembre, au sein de la coalition contre l’organisation de l’État islamique (EI).
"Nous apporterons le soutien nécessaire à cette opération", a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan à la chaîne de télévision NTV. "Ce soutien pourrait être militaire ou logistique", a-t-il ajouté depuis New York, où il assistait à l'Assemblée générale des Nations unies.
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La Turquie était jusqu’alors plutôt réticente à s’engager. Et à l’heure où l’ensemble de la région se disait concerné par le danger posé par le califat autoproclamé des jihadistes de l’EI, sur des territoires à cheval sur l’Irak et la Syrie, soit deux voisins directs de la Turquie, l’attitude d’Ankara soulevait des questions.
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En effet, cette puissance régionale dirigée par un président islamiste, a fortiori membre de l’Otan, s’est retrouvée en porte-à-faux vis-à-vis de ses alliés occidentaux, en ne proposant qu’un soutien a minima. Cette attitude s'explique en partie par les liens existants entre les Kurdes de Syrie et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui milite pour que la communauté kurde de Turquie ait davantage de droits. Ce qu’Ankara n’entend pas laisser faire.
Et pour preuve, la Turquie a été fréquemment pointée du doigt par les Occidentaux pour sa politique de soutien actif aux combattants désireux d’aller faire le jihad en Syrie. Notamment en les laissant transiter par son territoire, qui leur sert également de base de repli, et en facilitant le passage d’armes et d’équipements.
Mais cette politique permissive a directement favorisé l’essor de l’EI sur ce territoire, selon les spécialistes des mouvements radicaux. Pis, elle s’est depuis retournée contre la Turquie, qui s’est aperçue "qu'elle avait nourri un ennemi plus dangereux que son adversaire traditionnel, le PKK", juge Laurent Leylekian, analyste politique, dans un article publié sur le site du Huffington Post.