Par leur rôle social et leur présence au plus près des malades, les femmes sont plus exposées au virus Ebola. Selon l’Unicef, près de 60 % des victimes de l’épidémie actuelle sont de sexe féminin. Explications.
Près de 50 % des personnes qui contractent le virus Ebola meurent. Ainsi, depuis le début de l’année, 2 630 des 5 357 malades recensés (chiffres de l'OMS arrêtés au 14 septembre) sont morts. Mais sur le terrain, comme le relaie RFI, les spécialistes constatent que les femmes sont plus exposées à la contamination. Ainsi, au Liberia, le pays le plus durement frappé par l’épidémie, les trois quarts des malades d’Ebola dont des femmes, selon le ministère de la Santé. Plus largement, l’Unicef a constaté que "près des deux tiers des cas de décès liés au virus sont des femmes".
Sia Nyama Koroma, épouse du président sierra-léonais, expliquait mi-août au "Washington Post" cette surreprésentation des femmes par le fait que "les professionnels de la santé sont surtout des femmes et elles se trouvent en première ligne de cette crise". Un constat partagé par l’Unicef qui explique la prédominance de la morbidité des femmes "en raison de leur rôle d’aide auprès des malades". Au seul Liberia, ajoute l’Unicef, Ebola a fait quelque 2 000 orphelins, victimes d’une "profonde stigmatisation".
Une intervenante sierra-léonaise dans la lutte contre Ebola, elle aussi citée par le "Washingon Post" ajoute : "Les femmes qui travaillent dans les hôpitaux sont en majorité infirmières ou femmes de ménage ; elles ne bénéficient pas des mêmes mesures de protection que les médecins qui sont majoritairement des hommes."
La ministre libérienne de l’Égalité des sexes et du développement, Julian Duncan-Cassell, souligne également la proximité des femmes avec les malades dans la sphère privée. "Ce sont elles qui s’occupent des soins lorsqu’un membre de leur famille tombe malade. De plus, elles circulent vers la Guinée et la Sierra Leone pour les marchés hebdomadaires. Et quand quelqu’un meurt, ce sont les femmes - souvent une tante ou une femme âgée - qui préparent les funérailles", raconte-t-elle au "Washington Post". Les rituels funéraires, au cours desquels les parents et amis sont en contact direct avec le cadavre, jouent également un rôle important dans la transmission.
Pour tenter de prendre en compte l’inégalité sexuelle dans la transmission d’Ebola, l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch a appelé les gouvernements des principaux pays touchés à adapter leurs messages de prévention. Julian Duncan-Cassell signale que les femmes sont les meilleurs vecteurs d’information au sein de leur communauté. Un paramètre à ne pas négliger alors l’épidémie est toujours considérée comme "hors de contrôle".