Des dizaines de milliers de Kurdes fuient, depuis samedi, le nord de la Syrie pour la Turquie voisine à la suite de l’offensive de l'organisation de l’État islamique. Reportage de nos envoyés spéciaux à la frontière entre les deux pays.
Effrayés par l’avancée de l’organisation de l’État islamique (EI) dans le nord-est de la Syrie, des dizaines de milliers de Kurdes syriens fuient leur pays vers la Turquie voisine. Depuis vendredi, ce sont près de 70 000 personnes qui ont traversé la frontière estime le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).
Après avoir pris le contrôle de plus de 60 villages dans la région, l’EI a resserré son étau sur Aïn al-Arab (Kobané en kurde).Cette localité, troisième agglomération kurde de Syrie, était "totalement assiégée", dimanche 21 septembre, par les jihadistes ultra-radicaux, qui cherchent à renforcer leur contrôle sur une large portion de la frontière entre la Syrie et la Turquie. L'opposition syrienne en exil a appelé la communauté internationale "à agir d'urgence pour prévenir un nettoyage ethnique" dans cette ville.
Les envoyés spéciaux de France 24 se sont rendus à Suruc, une petite ville turque située près de la frontière syrienne (sud-est), où les familles kurdes arrivent épuisées au terme d’un périple éprouvant. "Nous sommes des réfugiés, nous ne savons pas où aller, on déambule. Vous savez combien de temps on a marché ? Au moins cinq ou dix kilomètres, depuis notre village, jusqu'à la frontière", confie un réfugié kurde, originaire de la région de d'Aïn al-Arab.
Selon Fatma Kizilboga, envoyée spéciale de France 24 à Suruc, les autorités turques sont désormais clairement débordées et tous les centres d’accueil sont saturés. "Il a été indiqué aux familles qui viennent d’arriver qu’elles étaient libres de se déplacer à l’intérieur de la Turquie, mais ces personnes nous expliquent être complètement démunies et ne pas savoir où aller".
Pour contrôler l’afflux de ces personnes, des centaines de policiers turcs ont été appelés en renfort dans la région afin de gérer une situation qui risque de s’aggraver. L'ONU, qui doit établir deux nouveaux camps de réfugiés, a évoqué l'arrivée possible de "centaines de milliers" de personnes supplémentaires.