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La couche d’ozone entre en phase de guérison

C’est une première : l’ONU a révélé, dans un rapport paru mercredi, des indices concrets d’une reconstitution de la couche d’ozone. Elle devrait s’être reformée d'ici la fin du siècle.

C’est un rapport qui sonne comme un grand "ouf" de soulagement. L’ONU a publié, mercredi 10 septembre, une étude affirmant que la couche d’ozone était en train de se reconstituer. Elle pourrait s’être totalement remise des ravages de tous les agents chimiques envoyés par l’homme dans l’atmosphère, d’ici la fin du siècle.

Les 300 scientifiques ayant travaillé ensemble à l’élaboration de ce document ont “pour la première fois pu mesurer à certaines altitudes une augmentation de l’ozone”, résume pour France 24 Sophie Godin-Beekmann, directrice de recherche au Laboratoire atmosphères, milieux, observations spatiales (Latmos), qui a collaboré à cette étude.

Une multiplication des cas de cancers de la peau évitée

Cette experte se montre, certes, “confiante” dans le fait que le fameux trou dans l’ozone puisse un jour devenir un simple mauvais souvenir, mais la situation ne va pas s’améliorer partout à la même vitesse. “La couche d’ozone devrait s’être reconstituée d’ici 2050 aux latitudes moyennes et dans l'Arctique, mais un peu plus tard au-dessus de l’Antarctique”, détaille Sophie Godin-Beekmann.

Pour l’homme, cette amélioration de la situation a une incidence directe : les maladies de la peau liées à l’exposition aux ultraviolets ne devraient pas se multiplier. La disparition progressive de la couche d’ozone - qui protège de ces rayons - aurait pu entraîner jusqu’à deux millions de nouveaux cas de cancer de la peau par an, souligne le rapport de l’ONU.

Ce scénario catastrophe serait probablement devenu réalité sans une mobilisation de la communauté internationale. C’est l’autre leçon du rapport de l’ONU : lorsque les pays s’entendent entre eux, ça marche. La couche d’ozone doit sa survie, essentiellement, au protocole de Montréal, signé en 1987. Ce texte a permis l’arrêt progressif de la fabrication et de la commercialisation de chlorofluorocarbones (CFC). Cet agent chimique de synthèse était, depuis les années 1950, utilisé dans de nombreux produits (aérosols, frigidaires, climatiseurs etc.). Il était, en effet, commercialement alléchant puisque le CFC est ininflammable, peu coûteux et stable. Son seul défaut : il s’avère être un redoutable poison pour la couche d’ozone. On ne s’en est aperçu qu’à partir de la fin des années 1970.

Les gaz à effet de serre à la rescousse

Les États et le secteur privé ont alors travaillé ensemble pour empêcher la catastrophe sanitaire et environnementale qui pointait le bout de sa bombe aérosol. Les industriels ont conçu des produits de substitution “anticipant l’interdiction du CFC”, rappelle Sophie Godin-Beekman. Cet accord de Montréal peut être considéré, à la lumière de la situation actuelle, comme l’un “des traités relatifs à l’environnement les plus efficaces au monde”, se réjouissent les auteurs du rapport de l’ONU.

Il n’est, pourtant, pas le seul facteur à l’origine de la guérison de la couche d’ozone. L’autre critère est plus surprenant : il s’agit des émissions de gaz à effet de serre. “Ils sont responsables du réchauffement des basses couches de l’atmosphère, mais refroidissent les hautes couches et ralentissent ainsi l’effet des particules qui endommagent la couche d’ozone”, explique Sophie Goldman-Beekman.

La pollution au CO2 et les émissions de méthane ont donc eu, dans une certaine mesure, un effet bénéfique. Sans l’interdiction du CFC, ces émissions de gaz n’auraient fait que retarder l’inévitable. Mais, le successeur du CFC, les hydrofluorocarbones (HFC) n’est pas la solution miraculeuse : il agit comme un puissant gaz à effet de serre. Et, en attendant, le réchauffement climatique se porte diaboliquement bien, merci pour lui.