
Des massacres ont été perpétrés ces derniers mois dans plusieurs villages de l'est de la République démocratique du Congo, sans que ni l’armée congolaise, ni les casques bleus n'interviennent. Les habitants vivent aujourd'hui dans la peur.
Depuis plusieurs mois, des villages de la plaine de la Ruzizi, situé à l’est de la RD Congo, vivent dans la peur. Le 6 juin dernier, 37 personnes ont été assassinées dans le village de Mutarule, toutes membres de l’ethnie des Bafulero.
Après ce massacre, le village s’est totalement vidé de ses 10 000 habitants, qui ont fui la zone. Les tensions déjà vives entre les communautés se sont accentuées."Beaucoup [d'habitants] ont été touchés, ils ont tout abandonné. Les babouches, les pagnes, tout. Ce fut terrible. Beaucoup [de gens] sont morts ici", raconte le capitaine Ramazani à Mehdi Meddeb et Lea-Lisa Westerhoff, les envoyés spéciaux de France 24.
Deux mois après le massacre, un autre drame a touché le village voisin, où une famille a été assassinée en pleine nuit. Elle était cette fois de l’ethnie Barundi. S'agissait-il de représailles ? L'enquête n'a pas retrouvé les coupables. Mais les tensions communautaires sont telles que cette hypothèse apparaît plausible.
"La base de nos problèmes entre Bafulero et Barundi remonte à l’assassinat du Mwami, le chef coutumier des Barundi. Les Bafulero refusent de reconnaître l’autorité du nouveau chef. Ils veulent que les Barundi partent de la plaine et qu’eux-mêmes soient maîtres du terrain", explique le chef de secteur, Mathias Gahungu, à France 24.
D’un côté et de l’autre, les membres des deux clans continuent de vivre la peur au ventre car la menace est toujours présente. La nuit du massacre de Mutarule ni l’armée, ni les casques bleus ne sont intervenus alors qu’ils avaient été alertés.
L’ONU a officiellement présenté ses excuses mais jusqu’à présent aucun des assaillants n’a été arrêté. Les exactions se multiplient dangereusement sans susciter la moindre intervention des forces militaires présentes sur place. La plaine de la Ruzizi demeure plus que jamais livrée à elle-même et à ses divisions ethniques.