La procureure de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda, a une nouvelle fois demandé le report du procès du président kényan Uhuru Kenyatta poursuivi pour crimes contre l'humanité, faute de preuves suffisantes.
Uhuru Kenyatta serait-il en train de gagner insidieusement le procès qui l’oppose à la Cour pénale internationale ? Pour la troisième fois depuis décembre 2013, la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, a dû demander un report sine die du procès du président kényan pour manque de preuves.
Depuis des mois, la procureure cherche à gagner du temps pour récolter suffisamment de preuves afin de faire tomber le chef de l’État kenyan ainsi que son vice-président William Ruto, tous deux poursuivis pour crimes contre l'humanité commis après l'élection présidentielle de décembre 2007. Les violences avaient fait 1 300 morts et forcé près de 600 000 personnes à fuir.
Mais Nairobi se montre réticent à collaborer. Un comportement qui arrange, bien évidemment, les affaires d’Uhuru Kenyatta, qui a multiplié les tentatives pour clôturer ce dossier. "La grande majorité [des preuves qui ont été] demandées [...] n'a pas été fournie" et ce malgré une décision de la CPI enjoignant à Nairobi de fournir ces documents, a déploré Fatou Bensouda.
En décembre 2013, le procès de Kenyatta avait été une première fois repoussé après le désistement et la rétractation de deux témoins. En mars 2017, nouveau report. Cette fois-ci, les procureurs de la CPI avaient affirmé que certains témoins avaient été achetés ou menacés pour qu'ils reviennent sur leurs déclarations.
Uhuru Kenyatta et William Ruto, anciens adversaires aujourd'hui devenus partenaires politiques, rejettent les accusations et maintiennent n'avoir joué aucun rôle dans les pires violences qui ont secoué le pays depuis son indépendance en 1963. Ils sont les premiers hauts dirigeants en exercice à comparaître devant la CPI.
Avec AFP