Une fatwa du Dar al-Ifta, la plus haute autorité égyptienne de l’islam sunnite, a condamné les tchats en ligne entre les hommes et les femmes ne se connaissant pas et s'est attiré une avalanche de critiques. À tel point qu’il a dû rectifier le tir.
Valse-hésitation au sein du Dar al-Ifta de l’université d’Al-Azhar, la plus haute autorité de l’islam sunnite. Cette très influente instance religieuse s’est retrouvée, ces derniers jours, au cœur d’une intense polémique à la suite d'une fatwa prononcée contre les tchats en ligne.
Le Dar al-Ifta s’était distingué, ce week-end, en rendant un avis très sévère sur ces discussions en ligne entre des hommes et des femmes qui ne se connaissent pas, rapporte le quotidien égyptien "Al-Ahram". Ces communications modernes seraient "frivoles, mauvaises et ouvrent la porte au diable, à la corruption et à la tentation", affirme cet édit religieux. Cette condamnation des tchats a été prononcée en réponse à une question postée sur le site du Dar al-Ifta par un internaute. La fatwa ne tolère ce genre de discussions que lorsqu’elles sont "nécessaires".
Cette prise de position très ferme d’une autorité aussi influente et directement sous contrôle de l’État égyptien n’a pas manqué de susciter une avalanche de réactions, pour la plupart des critiques envers cette fatwa jugée “peu réaliste”. C’est notamment l’avis d’Amnah Nusseir, un professeur de théologie à l’université d’Al-Azhar, qui explique au site Gulfnews que "les réseaux sociaux sont devenus une partie intégrante de nos vies et ce qui doit être considéré comme permis ou interdit ne peut que concerner le contenu des discussions qui y ont lieu".
"Une fatwa sortie de son contexte"
Le Dar al-Ifta subit également les foudres des utilisateurs des réseaux sociaux. Cette autorité "laisse de côté tout un tas de pratiques illégales en Égypte pour se concentrer sur les discussions en ligne", s’indigne ainsi un internaute égyptien sur Twitter. Une remarque qui résume la plupart des critiques qui stigmatisent une instance religieuse coupée, selon elles, des réalités du pays.
Cette levée de boucliers n’a pas échappé au Dar al-Ifta et lundi 1er septembre, ses responsables ont commencé à rectifier le tir. Magdi Ashour, membre de cette autorité et conseiller académique au grand mufti d’Égypte, a tenu à préciser que cette fatwa avait été "sortie de son contexte", rapporte le quotidien "Al-Ahram".
Il ne fallait pas, d’après lui, considérer cette fatwa comme une règle générale s’appliquant à toutes les discussions en ligne entre des hommes et des femmes. Il a rappelé que cet avis ne concernait que le cas particulier de l’internaute qui avait soumis la question. Ce responsable a précisé que les tchats n’étaient religieusement répréhensibles qu’à partir du moment où ils portaient atteinte à "la dignité et l’honneur de la personne".