Selon toute vraisemblance, Pierre Moscovici obtiendra bien le poste de commissaire européen aux affaires économiques, mais sous la houlette d'un vice-président. Une victoire empreinte d'humiliation pour François Hollande.
François Hollande voulait Pierre Moscovici, et personne d’autre. Il visait le portefeuille des affaires économiques, et rien d’autre. Il aura les deux, mais dans quelles conditions ? Le socialiste désigné péchait par son pedigree : débarqué comme ministre de l’Économie et des Finances au sein d'un gouvernement (celui de Jean-Marc Ayrault) qui n’avait pas tenu ses promesses en matière de déficit, son choix hérissait le poil d’Angela Merkel. Le nouveau patron de la Commission européenne, le conservateur Jean-Claude Juncker, le connaissait et l’appréciait : mais, en quête de parité dans son collège des 28 aux allures machos, il lui aurait sans doute préféré une femme.
Qu’importe, Moscovici était le choix du prince, qui entendait, à la tête du second pays de la zone euro (et donc second contributeur après l’Allemagne) imposer ses volontés, sans interférences. Revers électoraux et chute de popularité ne devaient pas, entendait-on à l’Élysée, entrer en ligne de compte. La chancelière ne saurait opposer un tel véto illimité aux préférences de son voisin et ami.
La Finlande décroche le poste de super-commissaire
Résultat des courses attendu dans une semaine au plus. Cependant, selon les informations de France 24, Angela Merkel a flanché et fini par agréer au choix souverain de la France. À une condition : Le Français, qui aura notamment la responsabilité de juger si les États sont bien dans les clous du Pacte de stabilité, dépendra d’un vice-président venu d’un pays "vertueux", la petite Finlande (5 millions d’âmes). Plus prudent, doit –elle penser, puisque la France fait partie des mauvais élèves.
Le Finlandais Jyrki Katainen, membre du Parti populaire européen et réputé pour son orthodoxie budgétaire, sera donc un super-commissaire, en charge de la coordination des affaires économiques et du plan de relance des investissements d’un montant de 300 milliards d’euros. Katainen est un ancien Premier ministre, Moscovici ancien ministre : l’ordre protocolaire est respecté sur le papier ! Juré, craché, ce n’est pas un "chaperon", martèle-t-on côté français, puisque notre Commissaire national représentera seul l’UE lors des réunions des ministres des Finances européens, Eurogroupe et autres Ecofin, ainsi qu’au FMI ou au G7 des finances…Mais la pilule finlandaise semble amère pour une France dont l’influence est en chute libre à Bruxelles.