Après d'âpres combats il y a quelques jours, Novoazovsk, ville ukrainienne située à une dizaine de kilomètres de la frontière avec la Russie, est aux mains des séparatistes pro-russes. Reportage de notre correspondant Gulliver Cragg.
En début de semaine, les éclats d’obus qui ont touché la maison de Lyuba, dans la banlieue de Novoazovsk, venaient de l’est de l'Ukraine. La frontière russe se trouve à moins d’une dizaine de kilomètres. Lyuba n’en sait pas plus, ni qui a tiré, ni pourquoi. Elle est simplement soulagée d’avoir pu se cacher à temps dans la cave de sa maison qui lui sert d’abri.
"Pour moi c’était une éternité, mais en fait je ne saurais pas vous dire combien de temps ils ont tiré. Peut-être pas longtemps, en réalité", raconte Lyuba.
Les combattants rebelles qui gardent l’entrée de la ville ne donnent pas plus d’informations. "Moi, je suis arrivé mercredi, explique Smak, commandant de bataillon pro-russe. Qui tirait avant ce jour-là? Ça je ne sais pas".
"Malheureusement, il n’y a pas eu de soldats russes ici"
Les hommes présents sur place, samedi 30 août, disent qu’ils sont tous des citoyens ukrainiens. Quant à une aide militaire directe de la Russie, ils n’en auraient reçu aucune. "Malheureusement, il n’y a pas eu de soldats russes ici, regrette Smak. Bien sûr, nous aimerions que les Russes nous aident avec des soldats".
Le centre ville de Novoazovsk n'a pas été touché par les bombardements et la vie suit son cours. La directrice d’un supermarché de la ville a cependant dit à l’envoyé spécial de France 24 que les fournisseurs commençaient à refuser de la livrer pour des raisons de sécurité. Quant aux habitants, ils restent très réticents à parler de la supposée invasion russe. "Moi je les ai vus", rapporte un client de ce commerce. Interrogé sur la nationalité des militaires qui étaient présents quelques jours plus tôt, la réponse est craintive mais affirmative : il s’agissait bel et bien de l’armée russe. "Ils avaient l’air différents, affirme-t-il. Et un autre client de conclure : "il semblerait que les Russes soient déjà partis, en laissant les Ukrainiens pro-russes sur place".