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À quelques heures d'une nouvelle rencontre entre les présidents russe et ukrainien, Kiev affirme avoir interpellé dix soldats russes sur son territoire. Une nouvelle incursion "dangereuse et incendiaire" selon la Maison Blanche. Le Kremlin nie.
Des accusations de plus en plus graves, mais toujours aucune preuve. À peine 24 heures après avoir affirmé que des dizaines de véhicules blindés en provenance de Russie avaient franchi sans autorisation la frontière ukrainienne, Kiev a déclaré, mardi 26 août, que l'armée avait capturé dix parachutistes russes sur son territoire.
"Il y a eu une tentative des soldats russes déguisés en rebelles locaux d'ouvrir un nouveau secteur d'affrontements militaires dans le sud-est de la région de Donesk. Les garde-frontières se sont lancés dans la bataille et ont demandé des renforts", a expliqué Andriy Lysenko, porte-parole des forces de sécurité ukrainiennes (SBU).
Selon un communiqué du SBU, "les soldats russes ont été arrêtés avec des documents d'identité et des armes [...] Les enquêteurs ont ouvert une enquête criminelle pour franchissement illégal de la frontière par des citoyens russes armés".
Une "escalade significative", selon la Maison Blanche
C'est la première fois depuis le début du conflit que l'Ukraine affirme avoir arrêté des soldats russes, mais ces allégations restent très difficiles à vérifier. De son côté, Moscou continue de nier en bloc les accusation et dit ne pas être au courant. La Maison Blanche, par la voix de Susan Rice, conseillère à la sécurité nationale de Barack Obama, a estimé lundi soir que les "incursions militaires" de la Russie en Ukraine constituent une "escalade significative". "Les incursions répétées de la Russie en Ukraine sont inacceptables, dangereuses et incendiaires", a-t-elle poursuivi.
Russia’s military incursions into Ukraine- artillery, air def systems, dozens of tanks & military personnel–represent significant escalation
— Susan Rice (@AmbassadorRice) 26 Août 2014Quelques heures avant l'annonce de la capture des soldats russes, le président ukrainien Petro Porochenko a dissout le Parlement et a convoqué des élections anticipées pour le 26 octobre prochain : "De nombreux députés actuels sont des soutiens directs ou des alliés des militants séparatistes. Je considère qu'une victoire dans le Donbass est forcément liée à la victoire des forces réformistes démocratiques au Parlement. Ces élections législatives anticipées font partie de mon plan de paix."
Un plan de paix que le chef d'État ukrainien doit présenter mardi à Minsk, au Bélarus, lors d'un sommet diplomatique régional avec Vladimir Poutine, la représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, et les dirigeants biélorusse et kazakh.
Une issue au conflit peu probable pour l'heure
Mais les derniers développements sur le terrain, l'antagonisme et le manque de confiance réciproque sont tels, que la probabilité de trouver une issue aux affrontements dans l'est de l'Ukraine paraît faible. La chancelière allemande, Angela Merkel, a elle-même relativisé lundi la probabilité que les discussions débouchent sur une avancée significative après cinq mois d'un conflit qui a fait plus de 2 000 morts.
itLe chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a également mis en garde les responsables occidentaux, les invitant à ne pas attendre que les solutions viennent uniquement de Moscou. "J'espère sincèrement que nos collègues occidentaux (...) ne
s'attendront pas simplement à ce que nous résolvions les choses pour eux, d'une manière ou d'une autre, comme par magie. Cela ne fonctionnerait pas."
Malgré la brève entrevue entre Vladimir Poutine et Petro Porochenko, en France, le 6 juin dernier, les relations entre les deux pays n'ont cessé de s'envenimer, en particulier depuis la destruction à la mi-juillet d'un avion de ligne de la Malaysia Airlines au-dessus d'une zone contrôlée par les insurgés.
Avec AFP et Reuters