
Des milliers de fidèles ont rendu hommage lundi à Saint-Louis, dans le calme et l'émotion, au jeune noir américain Michael Brown, dont la mort sous les balles d'un policier blanc a réveillé le spectre du racisme aux États-Unis.
Du gospel et des clameurs pour dire adieu à Michael Brown. Les funérailles du jeune afro-américain, abattu par un policier le 9 août dernier à Ferguson, ont été célébrées, lundi 25 août, en présence de milliers de fidèles à l'église baptiste de Saint-Louis, dans le Missouri. Le révérend Jesse Jackson, le rappeur Snoop Dogg, Martin Luther King III, ou encore le réalisateur Spike Lee... C'est entourée de nombreuses personnalités de couleur que la famille du jeune homme, dont le visage poupin s'affichait sur des portraits géants, a assisté à une cérémonie forte en émotions.
"Les parents de Michael Brown sont reconnaissants pour le déferlement de soutiens et l'attention nationale que la mort injuste de leur fils a engendré", a déclaré leur avocat Benjamin Crump. "Ils promettent qu'ils utiliseront cette énergie pour un réel changement, pas seulement à Ferguson mais dans chaque ville des États-Unis", a-t-il ajouté. Car Michael Brown "n'était pas un demi-citoyen, c'était un citoyen américain. Et nous croyons au précepte que tous les hommes sont créés égaux".
"Regarder le comportement des policiers en face"
Après les violents affrontements ayant suivi la mort du jeune homme, entre la population noire en colère et des forces de l'ordre usant de fusils d'assaut et de véhicules blindés, le père de Michael Brown avait appelé à une "journée de silence". "Je veux que ce soit paisible", avait-il plaidé. Le gouverneur du Missouri Jay Nixon, contesté pour sa gestion des événements à Ferguson, n'a pas assisté à la cérémonie, comme le lui avait demandé la famille. La présence policière était tout de même importante.
Amis, pasteur et prêcheurs se sont longuement succédé à la tribune où était exposé le cercueil sobrement décoré avec la casquette de l'équipe de baseball des Cardinals de Saint-Louis, celle-là même que portait Michael Brown le jour où il a été tué.
Parmi les temps forts de la cérémonie, le discours vibrant du célèbre activiste des croits civiques, Al Sharpton, à l'attention des émeutiers qui ont secoué la petite ville de Ferguson des jours durant. "Michael Brown ne veut pas qu'on se souvienne de lui pour les émeutes. Il veut qu'on se souvienne de lui comme celui qui a permis aux États-Unis de regarder le comportement des policiers en face", a-t-il déclaré avec ferveur.
Présence des mères de victimes de racisme
Le capitaine de police noir Ron Johnson, qui était parvenu à ramener un calme précaire dans les rues de Ferguson, était également présent, ainsi que les mères de récentes victimes de bavures supposées racistes, comme celle de Sean Bell, tué par la police en 2006 à New York, ou celle de Trayvon Martin, abattu par un vigile de quartier en 2012 en Floride. Ce sont elles qui ont escorté la mère de Michael Brown en larmes, alors que le cercueil du jeune défunt était emporté dans un long convoi funéraire vers le cimetière St. Peters de Saint-Louis.
Les versions diffèrent sur la mort de Michael Brown. Pour les uns, le garçon aurait tenté de se saisir de l'arme de Darren Wilson, le policier blanc de 28 ans qui l'a abattu. Pour d'autres témoins, dont l'ami de Michael Brown qui l'accompagnait le soir du drame, il avait les mains en l'air. Le garçon, qui était sur le point de commencer des études supérieures, a été tué une vingtaine de minutes après être sorti d'un magasin de spiritueux où il est accusé d'avoir volé une boîte de cigares. Selon les autopsies diligentées par la famille et le ministère américain de la Justice, le jeune homme a été atteint d'au moins six balles. Une enquête du FBI est toujours en cours.
Avec AFP et Reuters