
Au lendemain de l'annonce de la démission du gouvernement, à la suite notamment des critiques d'Arnaud Montebourg, Manuel Valls, reconduit au poste de Premier ministre, doit annoncer la composition de son nouveau gouvernement.
C'est une nouvelle étape qui s'annonce cruciale pour la suite de la présidence de François Hollande. Le Premier ministre Manuel Valls, reconduit dans ses fonctions, doit annoncer mardi 26 août dans la journée la composition de sa nouvelle équipe, après la violente crise gouvernementale. Les départs d'Arnaud Montebourg, Aurélie Filippetti et Benoît Hamon, en désaccord avec la politique "austéritaire" du chef de l'État, sont déjà actés.
Moins de cinq mois après la nomination de Manuel Valls à Matignon, les deux têtes de l'exécutif ont en effet décidé de trancher dans le vif. Le désaccord porte notamment sur la politique économique, entre la ligne officielle - restaurer la compétitivité du pays en aidant les entreprises et en coupant dans les dépenses publiques - et la ligne alternative portée par les exclus, hostiles à "la réduction à marche forcée des déficits publics".
Destiné à imposer leur autorité, ce geste survient alors que François Hollande, mais aussi Manuel Valls, restent impopulaires auprès de la majorité des Français, selon les sondages. Une cote au plus bas due au marasme économique persistant : croissance à l'arrêt au premier semestre et chômage en hausse.
Valls I, le gouvernement le plus court
Valls I aura été l'un des gouvernements de la Ve République à la vie la plus courte, exception faite de ceux formés entre des élections présidentielle et législatives. Ni Manuel Valls, ni François Hollande ne se sont encore exprimés sur la crise au sommet de l'État, aussi violente que soudaine.
Selon l'Élysée, le choix d'une démission de l'ensemble du gouvernement, plutôt que d'un remaniement limité, "visait à s'assurer que le nouveau s'inscrirait totalement et réellement dans la cohérence de la ligne fixée par le chef de l'État". Trois portefeuilles importants au moins changeront de titulaire : Économie, Éducation nationale, Culture, détenus jusqu'ici respectivement par Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filippetti.
Pour vérifier cette cohérence, le Premier ministre a reçu en face-à-face à Matignon les ministres démissionnaires. Entendu pendant une heure lundi matin par le chef de l'État, Manuel Valls a rencontré une seconde fois François Hollande en début de soirée.
Après l'acte d'autorité posé par le tandem exécutif, la logique voudrait que la gauche du PS, et plus largement le mouvement des "frondeurs", parmi lesquels des proches de Martine Aubry, ne soient pas représentés au gouvernement. Autant dire que la majorité parlementaire du gouvernement risque de s'effriter dangereusement. "Je reste dans la majorité", a toutefois affirmé Benoît Hamon sur France 2.
Sans les écolos, avec les radicaux
Selon Carlos Da Silva, député PS de l'Essonne, Manuel Valls, dont il est proche, "n'est pas dans l'idée d'un rétrécissement de la majorité" mais dans celui d'un "rassemblement très, très large".
Sauf coup de théâtre, les écologistes d'EELV, ne seront pas présents en tant que tels dans le gouvernement Valls II. Pour la numéro un du parti, Emmanuelle Cosse, "les conditions sont encore moins réunies aujourd'hui qu'en avril", et d'ailleurs, "on ne nous a pas proposé" d'en faire partie, a-t-elle précisé.
Comme dans l'équipe précédente, où ils avaient trois représentants, seuls les radicaux de gauche du PRG devraient rester associés à l'action gouvernementale.
À l'Assemblée nationale, le groupe PS et apparentés compte 290 députés, celui du PRG et apparentés, 15, alors que la majorité absolue est de 289.
Montebourg a "repris sa liberté"
Représentant, avec Benoît Hamon, la caution de gauche du gouvernement, Arnaud Montebourg, 51 ans, s'est refusé à présenter son départ du gouvernement comme une éviction. Il s'agit selon lui de "reprendre (sa) liberté". "Je vais retourner travailler parmi les Français, comme eux (...) et je continuerai à défendre (...) ce que je crois être juste pour la France", a-t-il dit.
Dimanche 25 août, sur "ses" terres de Frangy-en-Bresse, il avait reconnu avoir demandé à François Hollande une "inflexion majeure de notre politique économique", après avoir, samedi, demandé de "hausser le ton" vis-à-vis de l'Allemagne, quand le chef de l'État, mercredi, lui, déclarait ne pas vouloir de "face-à-face" avec Berlin. Manuel Valls avait jugé que Arnaud Montebourg avait "franchi une ligne jaune".
Avec AFP