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L'opposition dénonce une "vraie crise de régime"

"Crise politique majeure", "désarroi" de François Hollande, "président à la dérive"... L’annonce de la démission du gouvernement de Manuel Valls a provoqué mardi une avalanche de réactions à charge contre la politique du chef de l’État.

Alors que le gouvernement de Manuel Valls vole en éclats, lundi 25 août, les réactions au sein des différents partis politiques français fusent, et l’opposition s’en donne à cœur joie.

"C'est une vraie crise de régime et l'aboutissement d'un chemin, qui a vu le président de la République perdre peu à peu tout crédit dans l'opinion, qui l'a vu se révéler inefficace", a fait savoir Nathalie Kosciusko-Morizet, députée UMP. "Cette option nous conduit dans une crise politique majeure, inédite peut-être sous la Ve république", a pour sa part estimé Eric Ciotti, député UMP des Alpes-Maritimes, avant d’ajouter : "Je ne suis pas convaincu qu'un simple remaniement suffira à résoudre cette crise."

Hervé Morin, candidat à la présidence de l’UDI, a déploré une "rupture très profonde entre les Français et la majorité". Le député UMP de Paris et ancien Premier ministre François Fillon a, lui, pointé le "désarroi" du président de la République. "François Hollande préfère le changement de gouvernement au changement de cap. Il ne comprend décidément rien à la France", s’est quant à elle empressée de tacler l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, Nadine Morano.

Avec une durée de vie de 147 jours, le premier gouvernement Valls aura été l'un des plus courts de la dernière décennie, après les premiers gouvernements de transition de Jean-Pierre Raffarin, François Fillon et Jean-Marc Ayrault.

"Sanctions dignes d’une cour d’école"

Ce coup de théâtre fait suite à un weekend particulièrement mouvementé pour le gouvernement, au cours duquel le ministre de l'économie Arnaud Montebourg a lancé les hostilités et critiqué la politique économique du gouvernement. Ce dernier a ainsi assumé avoir "proposé" et "sollicité", dimanche 24 août, une "inflexion majeure de notre politique économique" d’austérité, fustigeant la droite allemande et jugeant qu’il avait le "devoir" de "ne pas se taire". Le Premier ministre Manuel Valls a immédiatement réagi, estimant qu’Arnaud Montebourg avait franchi la ligne jaune.

Un traitement jugé trop punitif par Christian Paul, député PS de la Nièvre : "Arnaud Montebourg avait demandé un électrochoc au plan européen pour retrouver la croissance […] Je trouve extrêmement triste pour notre démocratie que ce soit avec des sanctions dignes d'une cour d'école que l'on traite des questions politiques essentielles". "Je pense qu'il aurait été plus raisonnable de changer de politique que de gouvernement. [...] Manuel Valls a été pris en otage par la politique économique de François Hollande", a-t-il poursuivi.

Perte de majorité à l’Assemblée ?

En attendant l’annonce de la future formation gouvernementale, certains représentants politiques, comme l’UMP Thierry Mariani ou la présidente du Front national Marine Le Pen, ont réclamé la dissolution de l’Assemblée nationale, et de fait la tenue de nouvelles élections législatives. "Il est plus que jamais nécessaire de redonner la parole aux Français et de dissoudre l'Assemblée nationale. Le pouvoir y sera de toute façon poussé par la perte de sa majorité à l'Assemblée nationale", a-t-elle exprimé dans un communiqué. La majorité à l'Assemblée étant ténue (291 députés socialistes pour une majorité absolue à 289), une défection d'une petite partie des députés pourrait en effet suffire à faire perdre la majorité à l'exécutif.

En outre, d’aucuns questionnent désormais l’attrait d’un fauteuil ministériel en ces temps de crise aigue. La porte-parole d'Europe Ecologie Les Verts (EELV), Sandrine Rousseau, a lancé un appel sans équivoque sur Twitter : "Que tous les ministrables # eelv éteignent leur portable # merci". Elle réagissant à la sortie probable du ministre de l’Éducation Benoît Hamon du gouvernement, après ses saillies du weekend aux côtés d’Arnaud Montebourg.

En marge de l’agitation médiatique, les futurs ex-ministres se sont, eux, enfermés dans un mutisme de circonstance. Seul Benoît Hamon a fait savoir au cours de la matinée qu'il était "assez serein" et "au travail" sur ses "dossiers en cours", à l'approche de la rentrée.