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Un ingénieur musulman suspendu d'accès à des sites nucléaires de l'Aube

Un ingénieur musulman, employé par un sous-traitant d’EDF, se bat avec l'administration après la suspension de ses autorisations d'accès à des sites nucléaires. Son avocat, joint par France 24, s'inquiète d'un acte islamophobe.

C’est une histoire aux accents kafkaïens. En mars 2014, un chef de projet, employé par un sous-traitant d’EDF, s’est vu refuser sans raison apparente par la préfecture de l'Aube, l’accès à des sites nucléaires de la centrale de Nogent-sur-Seine. L’homme, un ingénieur de formation, âgé de 29 ans, a pourtant eu les autorisations d’y pénétrer en 2012 et en 2013.

Mais au printemps, la préfecture décide du contraire et suspend ses accès. Elle n’a pas besoin de se justifier, sa décision étant "couverte par le secret défense". Qu’est-ce qui a donc pu pousser l’administration à émettre un avis défavorable vis-à-vis d’un employé qui, a priori, n’a commis aucune faute ?

"Pratique religieuse peut-être dérangeante"

"C’est ce que nous cherchons à savoir", explique Me Sefen Guez Guez, l’avocat du Collectif contre l'islamophobie (CCIF), joint par France 24. "Mon client est habilité depuis trois ans à entrer sur les sites nucléaires. La grande question est : qu’est-ce qui a changé ? Du jour au lendemain, il a été suspecté de je ne sais quoi", déplore-t-il. Pour lui, l’acte islamophobe n’est pas à exclure. "Vu le contexte ambiant, sa pratique religieuse était peut-être dérangeante", avance-t-il prudemment.

En juin 2014, l’avocat porte l’affaire devant la justice. Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne donne raison à son client, arguant du fait qu’il y a "un doute sérieux sur la légalité de la décision". Le juge suspend alors l’interdiction et autorise l’homme à retourner sur les sites nucléaires.

"On se croirait à Guantanamo !"

Mais en juillet 2014, nouveau rebondissement : EDF lui refuse à nouveau l’accès à un site. Son avocat Me Guez Guez a donc introduit un nouveau recours devant la justice. Une audience collégiale devra décider avant fin août de lui redonner ou non son autorisation d'accès aux centrales nucléaires. "Mon client est confiant. Il n’a jamais commis de fautes, c’est un futur père de famille, son casier judiciaire est vierge, il n’a aucun litige avec la société", précise son avocat.

En attendant la décision du juge, l’ingénieur est affecté à des tâches purement administratives. "Il est dans un placard et il aimerait retourner travailler comme avant, explique l’avocat. On se croirait à Guantanamo ! Comment peut-on perdre son emploi sans pouvoir se défendre, sans comprendre ce qu’il se passe ?"

En janvier, le tribunal administratif de Nice avait annulé à deux reprises un arrêté pris par le préfet des Alpes-Maritimes qui avait suspendu l’habilitation d’un employé musulman de l’aéroport de Nice. Le juge avait estimé que la décision ne comportait aucun "élément matériel précis et circonstancié".

Avec AFP