Le chef du Hezbollah a exhorté les Libanais à mettre de côté leurs divergences confessionnelles et politiques afin de se préparer à contrer le "danger existentiel" qu’incarnent les jihadistes de l’organisation de l’État islamique.
Au cours d'un discours télévisé, diffusé vendredi 15 août, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a appelé les Libanais à s’unir et à se préparer à faire face aux jihadistes de l’organisation de l’État islamique, qui représentent, selon lui, un "danger existentiel" pour le pays et la région.
Si d’ordinaire les discours de Hassan Nasrallah visent à envoyer des messages à ses rivaux politiques, au gouvernement israélien ou à conforter sa base populaire, celui-ci avait une cible plus large, à savoir l’ensemble de l’opinion publique.
"Le prétendu État islamique en Irak et au Levant est un groupe qui contrôle une aire géographique qui s’étend entre la Syrie et l’Irak, qui comprend des ressources énergétiques et des barrages hydrauliques, a-t-il expliqué. Les massacres qu’il a commis ont touché en premier lieu les sunnites, et en Irak nul n’a été épargné : Kurdes, yazidis, chiites, chrétiens, Turcomans. […] Ce groupe veut imposer, par la forces des armes, un mode de vie basé sur la terreur et qui n'a rien à voir avec l'islam".
Il a par conséquent prié les Libanais de se réconcilier en mettant "leurs divergences politiques de côté", ainsi que leurs ressentiments confessionnels, "car Daech [acronyme de l’État islamique en Irak et au Levant, utilisé péjorativement par les anti-jihadistes, NDLR] veut éliminer tout le monde et tout ceux qui se mettent en travers de son chemin".
Selon le chef du Hezbollah, en conflit ouvert avec l’État hébreu, les jihadistes de l'organisation de l’État islamique font partie d’une conspiration qui sert les intérêts israélo-américains et qui vise à remodeler la carte du Moyen-Orient.
"Le Liban ne doit compter que sur lui-même"
Très critiqué par la communauté sunnite libanaise à cause de l’engagement de ses combattants en Syrie aux côtés des troupes du président Bachar al-Assad, et accusé de ce fait d'avoir importé le conflit syrien au Liban, le chef du parti chiite a répliqué : "Pensez-vous vraiment que si le Hezbollah retirait ses combattants de Syrie, la menace de Daech n'existerait plus ? Est-ce que cela permettra d’effacer le Liban de la carte de Bagdadi [le "calife" autoproclamé de l’organisation de l’État islamique, NDLR] ?"
D’après lui, le Liban ne doit compter que sur lui-même et non pas commettre l’erreur d’attendre une aide quelconque de la communauté internationale, notant que l’Occident n'a décidé d’intervenir dans le conflit irakien que lorsque les jihadistes se sont approchés du Kurdistan riche en hydrocarbures.
Selon Hassan Nasrallah, ni la résolution 1701 de l’ONU, votée en 2006, qui demande au gouvernement libanais de sécuriser ses frontières en y déployant l’armée, ni la politique de distanciation de la crise syrienne ne suffiront à protéger le pays du Cèdre face à ce "grand danger". Après avoir appelé à soutenir et à renforcer l’armée libanaise et les services de sécurité, il a assuré que le Liban, grâce à l’équation "armée-peuple-résistance", conformément au credo imposé au pays par son parti, peut "facilement remporter la victoire sur Daech et ceux qui le soutiennent".
Et de conclure : "Ce courant n'aura pas un avenir dans la région à condition que les Irakiens, les Syriens, les Libanais et tous les Arabes s'unissent et assument leurs responsabilités."
Début août, des affrontements armés ont opposé des jihadistes à l'armée libanaise dans la localité de Aarsal, à la frontière syrienne. Dix-neuf militaires ainsi que des dizaines de jihadistes et de civils ont péri pendant les combats qui ont duré cinq jours et se sont soldés par le retrait des radicaux de la ville. L'armée libanaise avait alors publiquement appelé à une aide d'urgence afin de renforcer ses troupes, actuellement peu équipées, qui essaie de contenir les débordements de la crise en Syrie.