
Le groupe islamiste armé Boko Haram a enlevé dimanche dernier des dizaines d'hommes dans le nord-est du Nigeria, d’après des témoins. La plupart des 200 jeunes filles enlevées en avril sont toujours aux mains des jihadistes.
La secte islamiste Boko Haram a enlevé une centaine d’hommes et de garçons dans des villages de pêcheurs situés près du lac Tchad, dans le nord-est du Nigeria, dimanche dernier, ont rapporté des témoins vendredi 15 août.
Les combattants jihadistes auraient embarqué certains otages dans des camions et d’autres à bord de bateaux qui ont traversé le lac Tchad. Six hommes auraient également été tués dans ces raids perpétrés par les insurgés dans la zone de Kukawa, dans l'État de Borno, l'un des bastions de Boko Haram, proche des frontières du Tchad et du Cameroun.
Depuis cette région reculée du Nigeria, où la couverture du réseau téléphonique est faible, des survivants ont fui jusqu'à Maiduguri, la capitale de l'État de Borno. Ce n’est qu’une fois arrivés dans cette ville qu’ils ont pu informer la presse des kidnappings commis par Boko Haram.
Des enlèvements pour renouveler ses effectifs
D’après ces témoins, les assaillants, qui portaient des uniformes de l’armée et de la police, ont brûlé plusieurs maisons du village et ont enlevé 97 hommes et garçons, âgés de 15 à 30 ans.
"Au début nous avons cru que (les assaillants) étaient des militaires... Mais quand ils ont commencé à tirer sur des gens et à incendier les maisons, alors nous avons compris que c'était Boko Haram", a expliqué une femme témoin de l'attaque, Halima Alhaji Adamu, épuisée par un voyage de 180 kilomètres à l’arrière d’un camion pour rejoindre Maiduguri.
"Ils criaient 'Allah Akbar' (Dieu est grand) et tiraient dans tous les sens. Il y avait une grande confusion. Ils ont commencé à charger nos hommes et garçons dans des véhicules, en menaçant de tirer sur ceux qui voulaient leur désobéir. Tout le monde était terrifié", continue cette habitante du village de Doron Baga.
"Ils n’ont laissé aucun homme ou garçon dans le village, seulement des jeunes enfants, des filles et des femmes", affirme encore la rescapée.
Sur les quelque 200 lycéennes kidnappées en avril dernier par Boko Haram, la plupart manquent toujours à l’appel. Le groupe terroriste a également enlevé une soixantaine de femmes et jeunes filles en juin.
Autrefois relativement populaire, Boko Haram, qui multiplie les exactions depuis un an, peine désormais à recruter et a recours aux enlèvements pour renouveler ses effectifs, à la manière de l'Armée de résistance du seigneur en Ouganda.
Avec AFP et Reuters