
Depuis Séoul, le pape François a appelé jeudi les deux Corées à rétablir le dialogue et à cesser les démonstrations de force, après des tirs de missiles nord-coréens au moment de son arrivée en Corée du Sud.
Le pape François a lancé jeudi 14 août, à son arrivée à Séoul, un appel aux deux Corées à dépasser les "récriminations" par le dialogue et à cesser de recourir au "déploiement de forces", quelques heures après des tirs de missiles nord-coréens.
Devant la présidente de la Corée du Sud, Park Geun-hye, le souverain pontife a soigneusement évité d'entrer dans les arcanes d'un conflit régional complexe. Il a en revanche salué "les efforts entrepris en faveur de la réconciliation et de la stabilité sur la péninsule coréenne" et a encouragé ces efforts "car ils constituent le seul chemin vers une paix durable".
S'exprimant pour la première fois en anglais dans un cadre officiel, le pape François n’a à aucun moment désigné le régime communiste de la Corée du Nord, évitant en tant que chef religieux de jeter de l'huile sur le feu. Mais les allusions aux injustices, aux persécutions et au déploiement de forces semblaient s'adresser surtout à Pyongyang.
Des missiles nord-coréens à l'arrivée du pape
"La diplomatie en tant qu'art du possible est basée sur la ferme et persévérante conviction que la paix peut être atteinte par l'écoute tranquille et le dialogue, plus que par les récriminations mutuelles, les critiques stériles et le déploiement des forces", a-t-il déclaré.
Une solution de paix en Corée aurait des répercussions "pour la stabilité de toute la région et de notre monde fatigué par la guerre", a ajouté Jorge Bergoglio (le nom du pape, NDLR).
Alors qu'il descendait de son avion à Séoul, la Corée du Nord a tiré en mer trois missiles de courte portée, puis deux autres dans l'après-midi. Plus tôt jeudi, Pyongyang avait exigé de la Corée du Sud qu'elle renonce à des exercices militaires annuels avec les États-Unis, qui doivent démarrer lundi.
"Il est assez inconvenant de tirer ce genre de projectiles le jour de l'arrivée du pape qui vient apporter sa bénédiction à tous les habitants de la péninsule coréenne, qu'ils vivent au Sud ou au Nord", a réagi un porte-parole de la diplomatie sud-coréenne.
Encourager l’évangélisation de l’Asie
La présidente coréenne a rappelé que "plus de 70 000 familles rest(ai)ent divisées" depuis la partition de la péninsule à la fin de la guerre (1950-53).
Jorge Bergoglio a insisté sur le nom traditionnel de "pays du matin calme" donné à la Corée pour rendre hommage à "un héritage forgé par des années de violences, de persécutions et de guerre". "En dépit des épreuves, la chaleur du jour et l'obscurité de la nuit ont toujours laissé naître le matin calme, c'est-à-dire une espérance tenace dans la justice, la paix et l'unité", a-t-il lancé avec émotion.
Premier pape à poser le pied en Asie depuis la visite de Jean-Paul II en Inde en 1999, François doit passer cinq jours en Corée du Sud, pour encourager l'évangélisation du continent asiatique. François célèbrera une "messe pour la paix et la réconciliation" en la cathédrale de Myeong-dong à Séoul, le 18 août, au dernier jour de sa visite.
Le Sud avait invité des catholiques nord-coréens à venir assister à la visite papale, mais Pyongyang a décliné. Selon l'ONU, les chrétiens nord-coréens qui pratiquent leur foi en-dehors des associations officielles s'exposent à des persécutions.
Réprimé au Nord, le catholicisme prospère au contraire au Sud. Les chrétiens, toutes catégories confondues, y sont aujourd’hui plus nombreux que les bouddhistes. Les catholiques (10,7 % de la population) y forment une Église vivante et influente.
Les vœux de François aux Chinois
Le pape a par ailleurs transmis ses "meilleurs vœux" au président chinois Xi Jinping et à ses "concitoyens", comme le veut la tradition lorsqu'il survole un pays étranger. Il a imploré "la bénédiction divine de paix et de bien-être" pour la Chine.
"La Chine a depuis toujours fait preuve de sincérité pour améliorer ses relations avec le Vatican (...) nous sommes désireux de poursuivre les efforts pour promouvoir un dialogue constructif", a réagi Hua Chunying, une porte-parole de la diplomatie chinoise.
Lors de la visite de Jean-Paul II en Corée du Sud il y a 25 ans, Pékin avait refusé l'accès à son espace aérien au pape. Le Vatican et la Chine n'entretiennent pas de relations diplomatiques.
La Chine compte au moins 12 millions de catholiques, répartis entre un culte officiel supervisé par les autorités et une Église souterraine interdite, fidèle au pape. Le pape François a demandé aux 35 évêques asiatiques d'une Église accusée par certains d'être du côté des riches et du pouvoir, de rester fidèles à l'idéal d'une "Église pauvre pour les pauvres", plutôt que d'"adopter des modèles effectifs de management, de planification et d'organisation du monde du business".
Avec AFP