
La mort, le 14 août 2013, au Caire, d'au moins 700 partisans du président destitué Mohamed Morsi a été une "tuerie de masse", qui "s'apparente probablement à un crime contre l'humanité", indique Human Rights Watch dans un rapport citant 200 témoins.
"Sur la place Rabaa, les forces de sécurité égyptiennes ont perpétré en une seule journée l’un des plus importants massacres de manifestants de l'Histoire récente." Dans un rapport rendu public mardi 12 août, l’organisation internationale Human Rights Watch (HRW) qualifie la mort, il y a un an au Caire, d'au moins 700 manifestants réclamant le retour du président égyptien destitué Mohamed Morsi, de "tuerie de masse" qui "s'apparente probablement à un crime contre l'humanité". "Il s'agit d'une répression violente et planifiée au plus haut niveau du gouvernement égyptien. Beaucoup de ces représentants de l’État sont encore au pouvoir en Égypte alors qu'ils ont bien des comptes à rendre", peut-on lire dans le document de 188 pages.
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Présenté à la presse lors d’une vidéo-conférence (voir ci-dessous) organisée au Caire, où HRW n’a pas eu autorisation de se rendre, le rapport cite plus de 200 témoins et évoque le nombre de 817 morts sur la place Rabaa seule. Selon l’organisation, les forces de l'ordre ont "méthodiquement ouvert le feu sur des foules de manifestants s'opposant à l'éviction" de Mohamed Morsi par les militaires le 3 juillet 2013.
Vidéo-conférence de HRW sur les massacres de Rabaa (en anglais)
Le 14 août 2013, un peu plus d'un mois après que le chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi eut destitué et fait arrêter le premier président élu démocratiquement en Égypte, le carnage perpétré par les soldats et policiers au cœur de la capitale, sur les place Rabaa al-Adhawiya et Nahda, a initié une vague impitoyable de répression visant essentiellement les Frères musulmans, la confrérie islamiste de Mohamed Morsi.
"Sans précédent dans l'Histoire récente"
Depuis ce jour, au moins 1 400 morts ont été recensés parmi les manifestants pro-Morsi. Et, plus de 15 000 Frères musulmans et sympathisants ont été emprisonnés. Des centaines d’entre eux ont été condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs, "sans précédent dans l'Histoire récente" du monde, selon les termes employés par l'ONU.
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HRW réclame une enquête visant jusqu’au président Abdel Fattah al-Sissi, élu triomphalement en mai dernier après avoir éliminé toute opposition. Ce dernier avait promis d'"éradiquer" les Frères musulmans, qui avaient remporté toutes les élections depuis qu'une révolte populaire avait chassé Hosni Moubarak du pouvoir début 2011.
L’ONG, basée à New York, nomme également des officiers de haut rang ainsi que des responsables politiques, tel le ministre de l'Intérieur, Mohamed Ibrahim, ou encore le chef des forces spéciales à la tête de l'opération de Rabaa, Medhat Menshawi. Tous "devraient faire l'objet d'une enquête, écrit HRW. En cas de preuve de leur responsabilité, ces individus devraient être personnellement tenus responsables de la planification et de l'exécution des tueries ou de leur incapacité à empêcher les massacres anticipés, généralisés et systématiques des manifestants." Et Kenneth Roth, le directeur exécutif de HRW, de conclure lors de la vidéo-conférence : "L’ombre du massacre de Rabaa continue de planer au-dessus de l'Égypte. L'Égypte ne pourra aller de l’avant tant qu'elle n'aura pas réglé les comptes de ce chapitre sanglant de son Histoire."
Avec AFP