Alors que les États-Unis ont frappé, vendredi, des positions de l'EIIL, la France a répété qu'elle était "prête à prendre sa part" dans l’offensive. Un soutien insuffisant pour peser dans le conflit, selon les experts.
Au lendemain de la prise de Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d'Irak par des djihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), la France a réitéré sa volonté de mettre fin aux "exactions intolérables" des combattants islamistes "contre les minorités vulnérables que sont les chrétiens d’Irak et les yazidis".
Dans un communiqué de l’Élysée diffusé vendredi 8 août, le président Hollande a appelé "à la poursuite et à l’intensification de la mobilisation internationale". Et d’ajouter : "La France entend poursuivre cet objectif au Conseil de sécurité afin que soient créées les conditions permettant à la communauté internationale d’apporter toute l’assistance et la protection nécessaires aux populations civiles et aux personnes déplacées."
La France "prête à y prendre toute sa part"
Le Président de la République s’est, en outre, félicité "de la décision importante prise par le Président Obama d’autoriser des frappes aériennes ciblées afin de contrer l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) ainsi que de mettre en œuvre un effort humanitaire dont nous savons combien il est impérieux et urgent".
François Hollande a également dit "examiner avec les États-Unis et l’ensemble de ses partenaires les actions qui pourraient être menées afin d’apporter conjointement tout le soutien nécessaire pour mettre un terme aux souffrances des populations civiles". Il a aussi engagé la responsabilité de Paris en précisant que la France était "prête à y prendre toute sa part".
"L'aide humanitaire est un pis-aller"
Un soutien dont l’efficacité est cependant relativisée par nombre d’experts. "À part des frappes aériennes, il n'y a rien que nous puissions faire. Il n'est pas question d'envoyer des troupes", constate Eric Denécé, du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). L'armée irakienne et les forces kurdes engagées contre les combattants de l'EIIL disposent de quantité de matériels fournis par les États-Unis et n'ont pas de problèmes urgents d'approvisionnement en armes. Et les Américains, qui ont bombardé pour la première fois vendredi des positions des djihadistes, sont en mesure de mettre "dix fois plus de moyens" que la France, souligne le directeur du CF2R.
Quant au parachutage d’aide humanitaire, le chercheur estime qu’il ne pourra être que très limité. "Ce serait possible, mais on n'a déjà pas les moyens aériens d'aller faire des rotations pour ravitailler nos troupes au Mali ou en Centrafrique", déplore Eric Denécé. Et de continuer : "On va mettre un avion pendant une semaine sur une base turque qui va faire cinq allers-retours, mais ça n'aura aucun impact sur la situation."
Constat partagé par le général Trinquand, spécialiste de la gestion de crise. Au-delà de la volonté légitime de venir en aide aux populations victimes des combats, "l'aide humanitaire est un pis-aller", estime-t-il. "Ça ne veut pas dire que la France ne peut pas mettre un avion symboliquement pour participer à du largage humanitaire, pour montrer qu'elle travaille avec les Américains, mais on est dans une telle disproportion de moyens..."
Pour le militaire, le premier soutien que la France peut fournir pour bloquer l'offensive djihadiste, c'est "de soutenir l'armée libanaise, en particulier en l'approvisionnant en armement". Selon lui, il faudrait "que les Américains, qui connaissent bien l'Irak, s'occupent de ce qui se passe en Irak et que la France s'occupe plutôt du soutien au Liban".
Avec AFP et Reuters