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Rugby féminin : les Bleues collectionnent les victoires et les supporters

Bien que le rugby féminin reste confidentiel dans l'Hexagone, le Mondial organisé en France rencontre un vif succès. Pour le deuxième match des Bleues contre l'Afrique du Sud, les fans de l'Ovalie sont venus en nombre à Marcoussis. Reportage.

Aux abords du centre national de rugby de Marcoussis, c'est une longue file d'attente que forment les spectateurs et nombre d'entre eux ne pourront pas entrer. “Il n'y a plus de billets”, lance un bénévole. Comme pour son premier match le 2 août contre le Pays de Galles, l'équipe de France féminine fait le plein face à l'Afrique du Sud. Les 13 500 billets de la phase de poules de la Coupe du Monde, organisée en France, ont déjà trouvé preneur. En famille ou entre amis, les amateurs du ballon ovale profitent de cet événement à domicile pour découvrir ce sport d'ordinaire peu médiatisé.

Vêtu d'un maillot du XV de France, Antoine assiste pour la toute première fois à une rencontre féminine. “Il y a vraiment une ambiance de fou. Je suis vraiment étonné. Je ne regrette pas d'être venu. Je ne m'attendais pas à autant de physique. Je trouve qu'il n'y a pas autant d'écart comme il peut y avoir entre le foot féminin et masculin”, explique ce passionné de rugby à France 24.

Un peu plus loin, Nicolas partage cet engouement. Avec une trentaine de membres de son club de Montoir-sur-le-Loire, il a fait le déplacement depuis le centre de la France : “Au départ, on pensait être une dizaine, mais finalement on a eu beaucoup d'inscriptions”. Ce voyage en région parisienne a un but pédagogique. À la rentrée, le club de rugby local créera une nouvelle section féminine : “C'est sûr, cela va leur donner encore plus envie en voyant l'équipe de France. On a beaucoup de demandes. L'équipe féminine ajoutera une autre ambiance à un club très masculin. Il y a vraiment une évolution depuis quelques années”.

Une vraie histoire d'amour avec ce sport”

Autour du terrain d'honneur de Marcoussis, il y a en effet beaucoup de joueuses venues supporter les Bleues. Prisca et Kany ont même apporté des banderoles en l'honneur de deux de leurs amies, Assa Koita et Coumba Diallo, qui font partie de l'équipe de France. Elles ont pratiqué ensemble le rugby dans le club de Bobigny. “C'est une vraie histoire d'amour avec ce sport. J'ai d'abord adoré la théorie en étudiant au Stars et puis après j'ai apprécié sur le terrain l'esprit collectif. On ne le retrouve pas dans les autres sports. On se donne toutes à 100 %”, affirme Prisca.

Même si le Mondial est retransmis à la télévision, cette bande de copines regrette que les médias ne soutiennent pas plus leur discipline. Elles veulent casser l'image d'un sport peu recommandable pour les filles. “J'ai envie de leur dire de venir regarder au moins une fois un match ! On pousse aussi fort, estime Kany. C'est un sport où on donne son corps. Les gens n'arrivent pas encore à comprendre que des filles puissent se sacrifier comme ça physiquement.” Elle montre sa jambe convalescente après une rupture des ligaments croisés et du ménisque. “On peut-être cassé, mais on y retourne !”, conclut-elle avec un grand sourire.

"Tellement d'adrénaline !"

Les Français ne sont pas les seuls à avoir fait le voyage pour participer à cette grande fête du Mondial. Dans le public, les maillots de la Nouvelle-Zélande ou du Canada sont aussi présents. Colleen et Paul ont fait pour leur part des milliers de kilomètres depuis l'Australie pour encourager leurs deux filles, Louise Burrows et Ashleigh Hewson, membres des Wallabies. Face à l'engouement, ils ont peur de ne pas avoir de billets pour le prochain match de samedi contre la France: “L'organisation des tickets est décevante. Il y a vraiment beaucoup plus de monde que pour un match féminin en Australie”, constate Colleen. Comme l'explique Paul, ce sport est aussi très confidentiel de l'autre côté du globe : “Nos filles ne sont pas professionnelles. Elles sont respectivement institutrice et surveillante de prison. Elles font beaucoup de sacrifice. C'est difficile”.

Le drapeau irlandais sur le dos, Eilish et ses amis Marie et Kate ont aussi profité de leurs vacances pour assister à la Coupe du Monde. Pendant 10 jours, ces joueuses amatrices suivront toutes les rencontres : "Nous connaissons des filles de l'équipe d'Irlande. C'est une toute petite communauté dans notre pays". Pour Marie, ce sport est désormais plus qu'une passion, c'est une véritable drogue : "Cela donne tellement d'adrénaline. Cela permet de déstresser !".

Ces Irlandaises sont particulièrement fières. Avant le match de la France contre l'Afrique du Sud, leur équipe a battu pour la toute première fois les grandes favorites de la Nouvelle-Zélande. Elles se voient déjà en finale : "On a gagné contre les All Blacks, on peut battre tout le monde, même la France !". Le rendez-vous est pris pour le reste de la compétition. Les Françaises sont en tout cas en bonne position pour accéder au prochain tour. Sous les yeux de leurs supporters, elles ont récolté leur deuxième victoire. Sans forcer, elles ont écrasé les sud-africaines sur le score de 55 à 3.