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Échanges de bons procédés entre espions américains et israéliens

De nouvelles révélations issues de documents d’Edward Snowden soulignent l’étendue de la coopération entre les services de renseignement américains et israéliens. Une collaboration "top secrète" formalisée dès 1999.

C’est l’histoire d’une longue coopération. De nouveaux documents fournis par l’ex-consultant de la NSA, Edward Snowden, publiés par le site d’investigation "The Intercept", lundi 4 août, détaillent l’intensité des relations entre les services de renseignement américains et leurs homologues israéliens, notamment au Proche et Moyen-Orient. À l’heure du nouveau conflit entre Israël et les Palestiniens de la bande de Gaza, ils prouvent que la "politique militariste israélienne serait impossible sans le soutien constant et la protection du gouvernement américain", affirme Glenn Greenwald, l’ex-journaliste du "Guardian" auteur de la plupart des révélations sur l’espionnage made in NSA. De son côté, un porte-parole de la NSA contacté par "The Intercept" assure que ces documents soulignent simplement que "parfois des services de renseignement coopèrent de manière légale afin de renforcer la sécurité de leurs deux pays".

Les nouvelles révélations reposent, essentiellement, sur deux documents classés "Top secret", l’un de 1999 et l’autre de 2013. On y apprend que la coopération dans le domaine du renseignement entre les deux pays alliés remonte aux années 1960, d’abord de manière informelle, puis dans le cadre d’un accord en bonne et due forme, à partir de 1999.

Les communications comme l’équipement militaire

Les échanges deviennent alors systématiques. Ils recouvrent toutes informations que les espions israéliens ou américains jugent utiles concernant les pays d’Afrique du Nord, des pays du Golfe et les mouvements islamiques dans les pays de l’ex-URSS. La Syrie, l’Iran, la Libye, l’Irak, le Liban et le "terrorisme palestinien" sont cités nommément dans les deux documents.

Cette coopération va crescendo avec le temps. En 2013, un rapport vient souligner que la "NSA entretient une relation profonde aussi bien sur le plan technique qu’analytique avec les services israéliens". Le document cite l’accès aux signaux électroniques (appels téléphoniques, connexion Internet etc.), l’interception des communications, le choix des cibles et l’analyse des données récupérées. La NSA peut servir à Israël sur un plateau toutes les informations qu’elle obtient grâce à la vaste palette d’outils décrits depuis plus d’un an au fil des révélations d’Edward Snowden. 

Ces échanges de bons procédés d’espionnage ne se limitent pas aux télécommunications. L’accord-cadre secret de 1999 évoque aussi les échanges ou locations d’équipement militaire d’un pays à l’autre. Cet aspect de la coopération entre les services vise au partage des avancées technologiques.

Israël, un allié mais pas trop

Pourtant, comme le rappelle le "Guardian", l’État hébreu ne fait pas partie des quatre pays alliés - Royaume-Uni, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande - avec lesquels la NSA collabore le plus activement.

Et tout n’est pas au beau fixe dans les relations entre les deux puissances. Israël aurait notamment mis le téléphone de John Kerry sur écoute durant les négociations pour relancer le processus de paix au Proche-Orient en 2013, d’après des informations obtenues par le quotidien allemand "Der Spiegel". Des pratiques qui, si elles venaient à être confirmées, ne feraient que valider les réticences des espions américains à l’égard de l’État hébreu. Israël est, ainsi, cité en 2013 comme une cible privilégiée pour les opérations américaines de "contre-espionnage", rappelle le "Washignton Post". Israël côtoie la Chine, la Russie, l’Iran et Cuba sur cette liste de pays soupçonnés d’espionner trop activement les États-Unis.