logo

Droits de douane : la France dénonce un accord "déséquilibré" entre l’UE et les États-Unis
L'accord commercial conclu dimanche entre les États-Unis et l'Union européenne présente des avantages, notamment pour certaines filières, mais il est déséquilibré et doit être affiné pour intégrer un volet sur les services, estiment lundi plusieurs ministres français. 
Le Premier ministre français François Bayrou à Angers, le 24 juillet 2025. © Damien Meyer, AFP

Les réactions fusent lundi 28 juillet en France après l'annonce d'un accord commercial entre l'Union européenne et les États-Unis instaurant des droits de douane de 15 % sur la plupart des produits des 27 États membres.

Le Premier ministre français François Bayrou a ainsi regretté "un jour sombre" pour l'Europe qui "se résout à la soumission" en signant l'accord. "C'est un jour sombre que celui où une alliance de peuples libres, rassemblés pour affirmer leurs valeurs et défendre leurs intérêts, se résout à la soumission", a réagi le chef du gouvernement sur X.

Droits de douane : la France dénonce un accord "déséquilibré" entre l’UE et les États-Unis
François Bayrou regrette "un jour sombre" après l'accord commercial entre l'UE et les États-Unis. © X

"Stabilité temporaire"

"L'accord commercial négocié par la Commission européenne avec les États-Unis apportera une stabilité temporaire aux acteurs économiques menacés par l'escalade douanière américaine, mais il est déséquilibré", a de son côté déploré sur X Benjamin Haddad, ministre délégué chargé de l'Europe.

Laurent Saint-Martin, ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur et des Français de l’étranger, a abondé dans le même sens. "La bonne nouvelle ce matin, c'est qu'il y a un accord et que donc nos entreprises ont de la visibilité. Et donc il y a de la stabilité désormais dans la relation transatlantique commerciale pour l'investissement entre l'Union européenne et les États-Unis", a-t-il dit, soulignant que les entreprises redoutaient que cette incertitude se transforme en incapacité d'investir.

Mais "cet accord n'est pas équilibré et donc il va nous falloir continuer à travailler. Car, finalement, cet accord concerne essentiellement les biens, les taxations sur les biens, sur les produits manufacturés, et je crois qu'il y a beaucoup de travail à faire aussi sur un autre déséquilibre commercial, que parfois Donald Trump oublie de citer, qui est celui des services et notamment des services numériques", a-t-il poursuivi.

Négocié âprement depuis des mois, l'accord prévoit des droits de douane sur toutes les importations européennes vers les États-Unis, à un taux unique de 15 %, comprenant toutes les taxes déjà existantes. Cela concerne par exemple le secteur automobile, crucial pour des pays comme l'Allemagne.

Les exemptions en question

Benjamin Haddad a par ailleurs noté que l'accord avait "le mérite d'exempter de droits de douane des secteurs clés pour l'économie française (aéronautique, spiritueux, médicaments)", sans plus de précisions.

Interrogé sur le sujet, Laurent Saint-Martin s'est montré plus prudent, affirmant que "les spiritueux devraient effectivement être dans l'accord", mais soulignant que ces exemptions sectorielles étaient très importantes pour la France.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a en effet affirmé qu'il n'y aurait plus aucun droit de douane sur des "secteurs stratégiques" comme l'aéronautique, "certains produits chimiques, certains produits agricoles" ou encore "certaines matières premières stratégiques". La liste de ces produits n'a toutefois pas été détaillée.

Avec AFP