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Vidéo : à Rafah, "des familles entières sont décimées"

Rafah, dans la bande de Gaza, est depuis vendredi la cible de frappes israéliennes intenses qui ont fait au moins dix victimes pour la seule journée de dimanche. La mort fait désormais partie du quotidien de la population. Reportage.

D’ordinaire à Gaza, la tradition n’autorise pas un homme à pleurer en public. Mais pour Walid Abu Dobaa, professeur de français à Rafah, la douleur est trop grande en ce jour de deuil. "Mon frère a été tué par des missiles alors qu’il tentait de protéger un blessé. Il n’a même pas essayé de rentrer en résistance", s’indigne le jeune homme auprès de France 24, partagé entre la colère et le désarroi.

La ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, est soumise depuis vendredi 1er août à un déluge de feu quand la mort de trois soldats israéliens a fait voler en éclats le seul cessez-le-feu accepté à la fois par Israël et par le Hamas. Dans cette ville, environ 200 Palestiniens ont péri sous les bombes. La seule journée de dimanche a vu au moins dix personnes réfugiées dans une école de l’ONU périr sous les bombardements. "Les gens ne s’imaginent pas ce qu’il se passe ici", poursuit-il. Des familles entières sont décimées, c’est fou !".

Au cimetière de Gaza, Walid accompagne le corps de son frère vers sa dernière demeure, entouré des siens. L’homme qui conduit la prière implore la miséricorde d’Allah et la vengeance à l’égard d’Israël. La tombe à peine scellée, les hommes se dispersent. "Partons d’ici, ils peuvent nous tirer dessus !" lance l’un d’entre eux. À Gaza, même les cimetières ne semblent plus être des lieux sûrs.

Non loin de là, à la clinique du quartier, les corps sans vie s’accumulent et les blessés affluent sans discontinuer. Certains patients sont très jeunes, comme Saja Mustafa Zorob, âgé de 9 ans. Allongé sur son lit, des plaies sur le visage, la tête entourée de bandages, le petit garçon ignore tout de ce qu’il lui est arrivé. Les médecins n’ont pas encore osé lui dire que la frappe israélienne qui a touché sa maison a également tué toute sa famille. "Nous dormions dans la chambre de ma tante, avec tout le monde, mes deux oncles, ma grand-mère et ma mère, raconte le garçon. Je me suis soudainement réveillé et j’étais dans l’ambulance."

Des scènes tragiques qui font désormais partie du quotidien des Palestiniens depuis le début de l’opération Bordure protectrice menée par l’État hébreu. L'armée israélienne observe ce lundi une trêve unilatérale de sept heures dans la bande de Gaza. De quoi offrir un peu de répit aux habitants de Rafah.