
Face à l'escalade des combats entre milices en Libye, des milliers de Libyens et de travailleurs étrangers tentent de fuir pour la Tunisie voisine. Reportage exclusif à Ras Jedir, où la tension est montée d'un cran, vendredi.
Après avoir tourné ces images, Marine Casalis et Hamdi Tlili, correspondants de France 24 en Tunisie, ont été retenus pendant 5 heures par les forces armées tunisiennes. Malgré les réclamations de la police, ils ont refusé de donner la carte mémoire de leur caméra. La police a gardé en sa possession la seule carte mémoire qu'elle a trouvée.
Confusion et scènes de panique au poste-frontière de Ras Jedir, vendredi 1er août à la mi-journée. Une foule d'hommes vient de tenter de forcer le passage de la Libye vers la Tunisie. Parmi eux, des Libyens, mais surtout des travailleurs étrangers, en majorité égyptiens, qui pour certains sont bloqués depuis des jours à la frontière.
Très vite, les forces armées tunisiennes sont débordées. Après des tirs de sommation libyens, c'est au tour des Tunisiens de tirer en l'air. Armés de bâtons ou d'armes à feu, militaires, policiers mais aussi de nombreux hommes en civil – dont des habitants – repoussent l'assaut.
Après ces heurts, la Tunisie a fermé ce point de passage vendredià la mi-journée. Il a été rouvert quelques heures samedi matin, permettant à 200 personnes et une cinquantaine de véhicules de passer en Tunisie. Un responsable de la sécurité à Ras Jedir a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que la Tunisie allait alterner samedi les périodes d'ouverture et de fermeture du poste-frontière, sans plus d'explications.
Depuis jeudi, la frontière entre la Libye et la Tunisie est sous haute tension. La Tunisie veut éviter de voir se reproduire le scénario de 2011 où elle avait dû accueillir des dizaines de milliers de réfugiés. Quelque 6 000 personnes ayant fui les combats entre milices libyennes sont ainsi bloquées du côté libyen de la frontière, certaines depuis plusieurs jours.
Tunis s'inquiète de cette affluence et se refuse à accueillir les non-Libyens si ceux-ci ne peuvent pas prouver qu'ils quitteront immédiatement le territoire tunisien. La Tunisie craint aussi l'infiltration de combattants et la contrebande d'armes.
Le ministère tunisien des Affaires étrangères a prévenu : le pays pourrait fermer ses frontières avec la Libye si l'intérêt national l'exigeait. Vendredi soir, la Tunisie a appelé tous ses ressortissants, entre 50 000 et 80 000, à quitter la Libye dès que possible.