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Depuis plusieurs jours, des milliers de Libyens et de travailleurs étrangers, confrontés à l'escalade des combats entre milices rivales qui ont fait des centaines de morts depuis mi-juillet, fuient la Libye pour la Tunisie voisine. Reportage.

En moins de trois semaines, les affrontements entre des milices rivales ont fait plus d’une centaine de morts et des centaines de blessés à Tripoli, en Libye. La plupart des aéroports libyens, notamment ceux de Tripoli et Benghazi, sont fermés en raison de la détérioration des conditions de sécurité. La frontière tunisienne est devenue l'un des rares passages pour les résidents et quelques diplomates étrangers qui fuient les violences. Nos correspondants dans la région, Marine Casalis et Hamdi Tlili, se sont rendus sur place.

Selon les autorités tunisiennes, des milliers de Libyens entrent chaque jour en Tunisie. Certains envisagent ne rester que quelques jours, d'autres s’installent pour une durée indéfinie. Une habitante d’un quartier de Tripoli explique à France 24 : "La raison qui nous a poussé à quitter notre quartier de Swani, c'est les bombardements sur les civils avec des missiles, des roquettes, la destruction des maisons. Depuis un mois on ne dort plus, il y a des bombardements tous les jours, des secousses, des incendies."

Des milliers de travailleurs étrangers tentent également de quitter la Libye. Jeudi 31 juillet, deux personnes ont été tuées lorsque des gardes-frontière ont ouvert le feu pour repousser des centaines d'Égyptiens tentant d'entrer sur le territoire tunisien, a rapporté l'agence de presse officielle tunisienne TAP.

"Les diplomates partent pour une bonne raison"

Ces derniers jours, la plupart des missions diplomatiques ont évacué leurs ressortissants et fermé leur représentation. Les États-Unis ont évacué leur personnel diplomatique par la route. La France a, pour sa part, évacué ses ressortissants par la mer et fermé son ambassade dans la capitale libyenne. Une décision qui témoigne de la gravité de la situation selon Wassim, agent touristique, qui explique : "Je sais qu'à Tripoli il y a des affrontements, qu'il y a une guerre. Quand je vois des voitures diplomatiques qui quittent Tripoli je me dis qu'il y a une bonne raison derrière leur départ…"

Depuis la chute en 2011 du dictateur Mouammar Kadhafi, chassé du pouvoir par une rébellion soutenue par les Occidentaux, les autorités libyennes, déchirées par des luttes d'influence, ne parviennent pas à contrôler les dizaines de milices formées d'ex-rebelles qui font la loi en l'absence d'une armée et d'une police bien structurées et entraînées.

Face à l’afflux de Libyens et de travailleurs étrangers qui fuient par la route, la Tunisie, qui redoute le scénario d'il y a trois ans, avait annoncé mercredi la possible fermeture de ses frontières avec la Libye si l’intérêt national l’exigeait. Mais jeudi soir, le point de passage de Ras Jedir était encore ouvert.

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