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Moscou répond aux sanctions en menaçant l’UE et les États-Unis

La Russie, frappée par de nouvelles sanctions américaines et européennes en raison de son implication dans la guerre en Ukraine, a menacé, mercredi, Washington et Bruxelles, évoquant une hausse des prix de l'énergie en Europe.

Au lendemain de l’annonce par l’Union européenne (UE) et les États-Unis de sanctions sévères contre son économie, la Russie répond par la menace. "Les conséquences pour Washington de cette politique destructive et à courte vue vont être très concrètes", a déclaré mercredi 30 juillet le ministère russe des Affaires étrangères, en assurant que les sanctions prises par Bruxelles "auront inéluctablement pour résultat une hausse des prix sur le marché de l'énergie en Europe".

Dénonçant "des sanctions anti-russes tirées par les cheveux et illégitimes", Moscou critique farouchement la politique de l'UE, qui "ne se fonde plus aujourd'hui sur des faits vérifiés, mais est dictée par Washington". Les sanctions adoptées par Bruxelles témoignent "de l'incapacité de l'UE à jouer un rôle autonome dans les affaires mondiales", poursuit le ministère dans un communiqué.

L’impact des sanctions relativisé en Russie

Annoncées à un moment où les forces ukrainiennes intensifient leur offensive pour isoler les insurgés de l’est de l’Ukraine, ces sanctions sont les plus sévères jamais prises contre Moscou depuis la fin de la Guerre froide. Et si leur impact sur l'économie russe est officiellement relativisé, elles suscitent de vives inquiétudes dans les milieux d'affaires, qui craignent une récession et un isolement à long terme pour la Russie de Vladimir Poutine.

Après l'annonce par l'UE de restriction de l'accès des banques d'État russes aux investisseurs européens et l'ajout de trois établissements financiers russes à la liste noire de Washington, la Banque centrale de Russie a assuré de son côté que "toutes les mesures seraient prises, en cas de besoin, pour soutenir les banques" touchées.

Quant à la presse russe, elle tente de minimiser la portée des nouvelles sanctions et souligne même qu'elles pourraient profiter à Vladimir Poutine en politique intérieure. "Les sanctions, soit ne marchent pas, soit ont un effet visible dans un avenir lointain", écrit le journal économique de référence "Vedomosti", qui estime que "les sanctions américaines contre Cuba introduites en 1960 (...) n'ont pas affaibli le régime de Castro".

Les sanctions vont "frapper les Russes ordinaires"

Mais du point de vue des analystes, le ton est moins rassurant. Pour Nikolaï Petrov, de la Haute école d'économie de Moscou, les nouvelles sanctions "frappent directement l'économie" et "ses effets se feront rapidement sentir pour les Russes ordinaires". Mêmes inquiétudes pour Igor Nikolaev, directeur de l'Institut d'analyse stratégique FBK à Moscou : "La Russie aurait peut-être envie de répondre à ces sanctions, mais de quelle manière ? Arrêter de fournir du gaz et du pétrole ? Et comment alors payer les retraites en Russie ?"

Avec AFP