En quelques jours, la lettre ن, équivalent du "n" arabe, est devenue sur les réseaux sociaux le symbole de soutien aux chrétiens d'Irak. À l’origine, ce signe était pourtant emblématique de leur persécution par les djihadistes. Explications.
ن, une lettre pour exprimer sa solidarité envers les chrétiens d'Irak. Dimanche 25 juillet sur le parvis de Notre-Dame à Paris, tous les manifestants, que ce soient les membres de la communauté assyro-chaldéenne, le grand rabbin de Paris, Michel Gugenheim, ou encore des personnalités politiques de droite ou de gauche, l'ont arborée pour dire "Non au massacre des chrétiens d’Orient." Depuis, ce sigle circule en boucle sur les réseaux sociaux et dispose même d'un hashtag sur Twitter.
Depuis que les djihadistes de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont pris le contrôle d’une partie de l’Irak, les chrétiens sont persécutés. Notamment à Mossoul, principale ville du nord du pays tombée le 10 juin. Les djihadistes leur ont, depuis, imposé un ultimatum : se convertir à l’islam, accepter le statut de "dhimmi" (statut juridique inférieur accordée aux chrétiens et aux juifs par la loi musulmane), ou mourir. La grande majorité ont préféré l'exil.
Pour mieux les identifier, les djihadistes de l'EIIL ont alors marqué les maisons des chrétiens d’un ن, souvent inscrit dans un cercle. Ce sigle, la lettre "n" ("noun"), signifie en fait "Nazaréens", terme utilisé pour désigner les chrétiens dans le Coran. À l'orgine, il était emblématique de leur persécution par les djihadistes.
ALERTE GÉNOCIDE en #Irak. L'épuration d'un peuple vécu dans l'indifférence générale. #ن pic.twitter.com/IVmO5BgzxP
— ville ن (@wdepreville) 20 Juillet 2014La vague de soutien aux chrétiens d'Orient a choisi de reprendre cette lettre et d'en faire le symbole de cette cause. Depuis, la mobilisation ne cesse de grandir pour presser les autorités d'agir. Une pétition a été lancée sur Internet pour mettre fin au massacre et recueille pour l'heure quelque 120 000 signatures. De son côté, la France s'est dit prête à offrir l'asile à cette population en exil. Les chrétiens étaient 1,5 million en Irak avant la première guerre du Golfe, ils ne seraient plus que 400 000 aujourd'hui.