Une fois n’est pas coutume, les télévisions libanaises, qui représentent chacune un courant politique bien défini, ont mis de côté leurs divergences pour diffuser un journal commun consacré à la situation à Gaza.
"Palestine : tu n'es pas seule". Unies derrière ce slogan, pour la première fois dans l'histoire du Liban, les huit plus importantes chaînes de télévision locales ont parlé d’une seule voix. Elles ont présenté, lundi 21 juillet au soir, un journal commun consacré à la situation à Gaza et par extenso à la question palestinienne.
Cette démarche, saluée sur les réseaux sociaux, constitue un évènement symbolique dans un pays multiconfessionnel, déjà sous tension à cause de la crise syrienne et où la religion est intimement liée à la vie politique et sociale. Et les télévisions privées n’échappent pas à cette règle. Elles représentent chacune un bord politique déterminé, et par conséquent une communauté précise et tout les oppose lorsqu’il s’agit de traiter les informations concernant le pays du Cèdre.
itAinsi, outre la chaîne publique TéléLiban et l’indépendante Al-Jadid, on retrouve côte à côte pour cette émission spéciale les chaînes du camp chrétien, la LBCI, qui a appartenu aux Forces libanaises, un parti issu d’une ancienne milice qui a combattu la présence de combattants palestiniens au Liban pendant la guerre civile (1975-1990) et la MTV, proche de l’alliance du 14-Mars, qui regroupe les partis politiques anti-syriens. Participent également au projet la OTV, du général Michel Aoun, dont le parti est opposé au 14-Mars et entretient des relations turbulentes avec Samir Geagea, le leader des Forces Libanaises…
Du côté musulman, la chaîne Future TV, qui appartient à l’ancien Premier ministre sunnite Saad Hariri, a partagé l’écran avec ses rivaux politiques pro-syriens, les télévisions chiites que sont la NBN du président du Parlement Nabih Berri et Al-Manar, le média officiel du Hezbollah de Hassan Nasrallah.
Durant le journal télévisé d'une demi-heure, huit reportages engagés et préparés par ces différentes rédactions ont été diffusés, traitant notamment de la douleur des mères palestiniennes et des souffrances des enfants de Gaza, les présentateurs phares de chaque chaîne se passant le relais à la fin de chaque sujet. Ainsi, chaque foyer libanais, a pu voir le même journal, au même moment, sur toutes les chaînes.
Soulignant que cette initiative était une "première", l'instigateur du projet, Talal Salmane, directeur du quotidien "Al-Safir", a expliqué à l'AFP que "malgré les divergences politiques et partisanes, tout le monde est d'accord avec cette action en raison de l'ampleur de la catastrophe à Gaza".
"Nous n'avons pas la possibilité de livrer des aides, des armes ou des munitions (à Gaza) mais au moins nous pouvons (...) leur dire : 'nous sommes avec vous (...), vos martyrs et vos blessés sont les nôtres'", a conclu Talal Salmane.
Avec AFP