Malgré l’interdiction des manifestations pro-palestiniennes à Paris, plusieurs appels aux rassemblements samedi fleurissent sur Internet. Les organisateurs craignent des troubles. Et que le mouvement de soutien à Gaza ne soit décrédibilisé.
Au lendemain de la décision des autorités françaises d’interdire des manifestations de soutien aux Palestiniens prévues samedi 19 juillet à Paris et à Sarcelles (Val-d'Oise), plusieurs appels au rassemblement ont été lancés sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, de nombreux internautes proposent de braver l’interdiction en se réunissant samedi après-midi à Barbès, dans le 18e arrondissement de Paris.
"Les organisateurs ont pris acte de l’interdiction et s’y soumettront, mais il est certain que des jeunes vont venir. Il y aura une manifestation de fait", indique à France 24 Bernard Ravenel, ancien président de l’association France-Palestine Solidarité, qui craint des débordements. "Nous ne savons pas comment vont se comporter les manifestants et la police. Nous sommes très inquiets car sans organisateur, il n’y aura personne pour contrôler le comportement des participants. Cette interdiction est totalement irresponsable".
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La préfecture de police de Paris a interdit la manifestation pro-palestinienne en faisant valoir "le contexte de tension accrue". Elle a aussi invoqué "des risques graves de troubles à l'ordre public", à l'instar de François Hollande qui, depuis le Niger où il est en déplacement, a également mis en garde contre une "importation du conflit en France".
Dimanche 13 juillet, des incidents avaient éclaté devant deux synagogues, dont l'une située rue de la Roquette près de la Bastille, à la fin d'une manifestation pro-palestinienne ayant rassemblé 7 000 personnes selon la police, 30 000 selon les organisateurs.
"Cercle vicieux"
Dès l’annonce de l’interdiction, plusieurs organisations, à l’instar de la Ligue des droits de l'Homme (LDH), ont dénoncé "une entrave manifeste à une liberté constitutionnelle et un déni de la réalité". Un autre défilé pro-palestinien, prévu dimanche à Sarcelles (Val-d'Oise), et un rassemblement pro-israélien organisé simultanément au même endroit par la Ligue de défense juive (LDJ), ont été interdits. D'autres manifestations prévues ce week-end dans plusieurs grandes villes, comme Lyon, Marseille, Toulouse ou encore Nantes, n’ont quant à elles été soumises à aucune interdiction.
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Après avoir introduit en vain plusieurs recours en urgence devant la justice administrative, les organisateurs de la manifestation parisienne ont demandé à pouvoir organiser un nouveau rassemblement mercredi prochain. "Mais tout dépend de l’issue du rassemblement de ce samedi, indique Bernard Ravenel. Si on assiste à des violences, nous n’obtiendrons certainement pas l’autorisation. C’est un cercle vicieux. On cherche à décrédibiliser le mouvement de soutien pro-palestinien en faisant passer les manifestants pour des Arabes excités et antisémites. Ce qui n’est pas du tout le cas. Et malheureusement, on ne parle maintenant plus que de ça. Et pas de ce qui se passe à Gaza."
Depuis l’offensive terrestre lancée jeudi soir par Israël dans la bande de Gaza pour tenter de porter un nouveau coup aux forces du Hamas, 65 victimes ont été dénombrées côté palestinien. Samedi, 20 personnes ont péri sous de nouvelles frappes. Les deux dernières ont coûté la vie à un enfant de 6 ans à Beit Lahiya, dans le nord de l'enclave palestinienne, et à une personne au nord de la ville de Gaza. Au douzième jour de l’opération israélienne "Bordure protectrice", le bilan total s’élève à plus de 315 morts, notamment côté palestinien.