Un accord avec les séparatistes pro-russes a permis d'établir une "zone de sécurité" autour du site du crash MH 17, selon Kiev. La veille, les insurgés avaient empêché les enquêteurs internationaux d'accéder au site et aux dépouilles.
Les enquêteurs et observateurs internationaux, arrivés vendredi à Kiev, espèrent pouvoir se rendre sur la totalité du lieu du crash de l'avion malaisien - probablement abattu par un missile sol-air, dans l'est de l'Ukraine, jeudi. Un accord a été trouvé en ce sens samedi 19 juillet. Les séparatistes ont accepté de mettre en place une zone de sécurité de 20 kilomètres autour du site "pour que l'Ukraine puisse remplir l'objectif essentiel : (...) identifier les corps et les remettre aux familles", a indiqué Valentyn Nalyvaïtchenko, le chef des services de sécurité ukrainien, sur la première chaîne de télévision ukrainienne, dans la nuit de vendredi à samedi.
La veille, les inspecteurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) avaient rencontré les pires difficultés pour se rendre sur les lieux du drame et n’avaient eu accès qu’à une partie du site du crash. "Nous ne sommes pas une équipe d'enquêteurs. Nous sommes ici pour vérifier si le périmètre est sûr et si les [dépouilles des] victimes sont traitées de la manière la plus humaine possible", avait plaidé en vain Alexander Hug, l'un des responsables de l'équipe de l'OSCE.
it"Manque de professionnalisme"
Ce dernier a dénoncé "l'impolitesse" et "le manque de professionnalisme" des séparatistes, dont certains semblaient "légèrement ivres". L'un d'eux a même tiré en l'air, apparemment pour écarter des civils, a-t-il ajouté. L'OSCE n'a pas pu établir de corridor de sécurité pour accéder au site, avait déploré Thomas Greminger, président du conseil permanent de l'organisation.
Gulliver Cragg, le correspondant de France 24 en Ukraine, parle aussi de scènes de pillage pour récupérer la ferraille de l'appareil. "L'avion s'est écrasé dans une zone de non-droit", déplore-t-il.
Beaucoup estiment que la réticence des rebelles séparatistes à laisser passer les enquêteurs s’explique par les risques d'une identification des auteurs du tir. Si l'enquête parvenait à identifier avec certitude les responsables - qu'il s'agisse des rebelles pro-russes, des forces loyalistes ukrainiennes ou de l'armée russe - son résultat risquerait d'avoir un impact décisif sur le conflit armé qui déchire l'Ukraine depuis trois mois.
Chiffon blanc
Pour l’heure, sur le lieu du crash, les pompiers locaux marquent d'un bâton et d’un petit chiffon blanc les emplacements des restes humains des victimes, disséminés sur plusieurs kilomètres carrés. Sous une pluie fine, les secouristes se sont activés pour rassembler les effets personnels des passagers.
>> À voir sur France 24 : Scènes de désolation sur le site du crash de l'avion de la Malaysia
Les opérations de récupération des corps risquent aussi d'être ralenties d'une part par des problèmes techniques - il n'y aurait pas assez de chambres froides à Donetsk pour les y stocker - et surtout par la nécessité de coordonner les travaux entre rebelles et loyalistes qui s'affrontent toujours à coups de canon.
Les Pays-Bas, qui comptait 189 ressortissants parmi les 302 personnes à bord ont envoyé une équipe du Bureau néerlandais pour la sécurité, accompagnée du ministre des Affaires étrangères Frans Timmermans. Ce dernier n'exclut pas de mener des négociations avec les rebelles pro-russes de l'est de l'Ukraine pour pouvoir mener l’enquête à bien. La Malaisie a elle envoyé une équipe de 62 personnes, attendue samedi dans la capitale ukrainienne.
Washington pointe du doigt la responsabilité des rebelles
Les États-Unis soupçonnent les rebelles d’avoir utilisé un missile russe Bouk de type SA-11 pour viser l’avion. Samantha Power, ambassadrice américaine à l'ONU, a souligné que des séparatistes "avaient été repérés" jeudi matin en possession de ce type de système de défense antiaérienne près de l'endroit où l'avion s'est écrasé. Le Pentagone, par la voix de son porte-parole, le contre-amiral John Kirby, a jugé qu'il "fallait vraiment être très naïf pour penser [qu'un tel missile ait pu] être utilisé par les séparatistes sans un minimum de soutien et d'assistance technique russes".
Au Pays-Bas, d'où le Boeing 777 était parti, le crash a pris l'ampleur d'un drame national : les drapeaux étaient en berne vendredi et le Premier ministre Mark Rutte a assuré qu'il n'aurait "pas de repos" tant que la clarté ne serait pas faite sur les circonstances du drame.
Avec AFP
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Six experts du sida étaient à bord de l'avion
Six experts de la lutte contre le sida étaient à bord de l'avion de Malaysia Airlines qui s'est écrasé au-dessus de l'Ukraine, et non une centaine comme la presse l'avait évoqué, a précisé la présidente de la Société internationale sur le sida (IAS).
Ces scientifiques se rendaient à la conférence de Melbourne organisée par l'IAS. Parmi eux se trouvait le chercheur néerlandais Joep Lange, une des figures mondiales en matière de lutte contre le virus. Il avait présidé l'IAS de 2002 à 2004.