![Comment Hollywood se "Transformers" pour plaire à la Chine Comment Hollywood se "Transformers" pour plaire à la Chine](/data/posts/2022/07/19/1658229904_Comment-Hollywood-se-Transformers-pour-plaire-a-la-Chine.jpg)
"Transformers 4" est devenu le film le plus populaire de l’histoire du cinéma chinois. Cette méga-production est le symbole d’un cinéma américain de plus en plus formaté pour plaire au public et aux autorités chinoises.
C’est la dernière illustration de la folie engendrée par le blockbuster "Transformers 4" en Chine. Des fermiers du village de Xiaoye, dans la province de Shandong à l’est du pays, ont décidé d’abandonner leur travail quotidien pour se consacrer à la construction de répliques grandeur nature des fameux robots du film à succès hollywoodien, raconte le "China Daily", mercredi 16 juillet.
Avec ce nouvel épisode des aventures des camions-robots-sauveurs-de-l’humanité, la Paramount a clairement fait mouche en Chine. "Transformers 4 : L’âge de l’extinction" est devenu le film le plus populaire de l’histoire du cinéma dans l’ex-Empire du milieu. En un peu plus de deux semaines, il y a déjà généré 280 millions de dollars (207 millions d’euros) de recettes en salle.
Au Texas avec une carte de débit chinoise
"Transformers 4" n’est pas la seule grand œuvre hollywoodienne à s’être fait une place au soleil du communisme de marché à la sauce pékinoise. "X-Men : Days of Future Past" et "007 : Skyfall" se sont aussi distingués. En fait, depuis le début de l’année, trois productions américaines ("Transformers 4", "Captain America : Winter Soldier" et "X-Men : Days of Future Past") se sont glissées parmi les cinq plus gros succès du cinéma en Chine.
C’est la première fois que la production made in America fait autant d’ombre aux films locaux. Un vrai succès pour Hollywood qui cherche, depuis quelque temps déjà, la clef des champs chinois. L’intérêt des grands studios américains de cinéma pour cet immense pays asiatique se comprend : dix nouvelles salles de cinéma y ouvrent leurs portes tous les jours, rappelle le quotidien britannique "The Guardian". Et le potentiel de croissance y demeure très élevé puisqu’il n’y avait, fin 2013, que 18 200 salles obscures contre 40 000 aux États-Unis, alors qu’il y a quatre fois plus d’habitants en Chine.
Comment Hollywood a-t-il réussi à convertir ce public ? D’abord en mettant du chinois un peu partout dans ses films. Transformer 4 pousse cette logique jusqu’à la caricature. Les produits chinois, de la marque de lait Yili Milk aux ordinateurs Lenovo, sont présents à l’écran tout au long du film et pas seulement lorsque l’action se déroule à Hong-Kong ou Pékin. Ainsi le personnage principal réussit-il l’exploit de retirer de l’argent au fin fond du Texas à un distributeur automatique d’une banque chinoise avec une carte de débit chinoise !
Pékin c’est bien, la CIA c’est mal
Ces films qui lorgnent vers l’Asie font aussi appel à des stars locales pour tenir des rôles plus ou moins importants. Toujours pour "Transformers 4", la production a réalisé une télé-réalité en Chine pour trouver quatre acteurs. Un ancien chanteur de boys-band très populaire, Han Geng, apparaît également dans le film. Dans "X-Men : Days of Future Past", l’une des super-héroïnes, Blink, est incarnée par la très populaire actrice chinoise Fan Bingbing.
Les scénaristes de ces machines à cash vont encore plus loin en faisant des efforts certains pour plaire aux autorités de Pékin. Là encore, "Transformers 4" décroche la palme. "Au début, je trouvais que c’était un film américain très antipatriotique, mais en fait, c’est au contraire, une œuvre très patriotique… pour la Chine", s’amuse le magazine spécialisé dans l’actualité du cinéma "Variety".
En effet, lorsque la menace des méchants robots devient de plus en plus pressante, le héros ne se tourne pas vers Washington mais Pékin. Certains médias américains, comme la chaîne conservatrice Fox, se sont aussi émus d’une scène du film où un Chinois passe consciencieusement à tabac un méchant agent de la CIA corrompu. Une manière de faire coup double pour Hollywood : éviter une éventuelle censure des autorités chinoises et flatter la fierté nationale du public.
Tristes comédies
Cette ruée vers l’or chinois est, en outre, en train de faire une victime collatérale : la comédie américaine. “Ce n’est pas un genre de film qui marche en Chine”, rappelle le site économique Quartz. Conséquence : le nombre de nouvelles comédies américaines décline sensiblement depuis 2010, selon les données du cabinet de conseil Nomura Research. En 2010, par exemple, 44 % des films de la Twentieth Century Fox étaient des comédies contre seulement 8 % pour 2014. Hollywood préfère faire bouger des robots plutôt que les zygomatiques….
Mais les autorités chinoises ne trouvent pas cette envie américaine d’inonder la Chine de grosses productions très drôle. Le quotidien "China Daily", contrôlé par l’État, a ainsi mis en garde, début juillet, contre les films américains de super-héros : "Les enfants les consomment sans réfléchir et font ensuite la promotion d’un style de vie à l’américaine qui n’est pas forcément conforme à notre culture." Un représentant de l’administration chinoise pour la presse, la radio et le cinéma a ouvertement critiqué, fin juin, le désir "irrationnel" des distributeurs chinois de promouvoir "Transformers 4" au détriment des œuvres nationales.