Une centaine de chercheurs, médecins, militants spécialisés dans la lutte contre le sida se trouvaient parmi les passagers du vol MH17 qui s'est écrasé jeudi en Ukraine. Ils se rendaient à la conférence internationale organisée à Melbourne.
Ni festivités, ni célébrations. La 20e édition de la conférence internationale sur le sida portera les couleurs du deuil lors de son ouverture dimanche, en Australie. Parmi les 238 passagers qui se trouvaient à bord du vol Malaysian Airlines MH17 qui s’est écrasé dans l’est de l’Ukraine le 17 juillet, une centaine de personnes se rendait au sommet. Ces chercheurs, médecins, militants devaient prendre le vol pour Melbourne, une fois arrivés à Kuala Lumpur.
La
Société internationale sur le sida, qui organise la conférence, a confirmé dans un communiqué que "plusieurs de nos collègues et amis" étaient en route pour Melbourne à bord de l'appareil, mais n'a pas donné de chiffre. Un bilan de 108 victimes liées au sommet est évoqué mais non confirmé pour le moment. Elle a assuré collaborer avec les autorités pour "faire la lumière" sur cette "perte tragique qui impacte l'ensemble de notre communauté".
De grands experts disparus
Les noms des victimes commencent à être égrenés. Parmi eux, Joep Lange, un expert du sida de renommée internationale et ancien président de la Société internationale sur le sida. Ce chercheur charismatique a consacré plus de 30 ans de sa vie à la recherche et s’est fait connaître en plaidant pour un accès à un traitement bon marché dans les pays pauvres.
"C'est une perte immense et nous sommes très affectés", déplore le directeur exécutif de l'ONG qu'il avait fondée, la Fondation PharmAccess qui facilite l'accès à la trithérapie pour les patients atteints du VIH. Cité dans un communiqué, Onno Schellekens loue "son dévouement au traitement du virus HIV et du sida et à la santé en général ont été révolutionnaires".
Agé de 59 ans, Joep Lange avait travaillé en 1983 au centre médical universitaire d'Amsterdam pour devenir par la suite l'unes des références mondiales en matière de lutte contre le virus. Il avait présidé la Société internationale sur le sida entre 2002 et 2004. Il se trouvait dans l’avion avec sa femme et sa collègue, Jacqueline van Tongeren.
On compte aussi parmi les victimes Martine de Schutter, directrice de l’organisation
Bridging the Gaps qui aide au traitement des populations précaires ; Glenn Thomas, l’un des membres du service de presse de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ; Pim Kuijer, avocat néérlandais pour les fondations Aidsfund et Stop Aides Now (Stop au Sida maintenant) ou encore Lucie van Mens, directrice de la section développement de programme et support de la Female Health Company.
Un sommet en deuil
La présidente de la Société internationale sur le sida, Francoise Barré-Sinoussi, a assuré vendredi à la presse que la conférence ne serait pas annulée. "Nous avons décidé de continuer, nous pensons à eux et nous savons que c'est ce qu'ils aimeraient que nous fassions".
"Les enjeux politiques et stratégiques considérables", précise à FRANCE 24 Christian Andreo, directeur Plaidoyer, Communication & Fundraising de l’association Aides à Paris . "Les célébrations un peu festive d’ouverture, comme le feu d’artifice qui était prévu, seront en revanche annulées et l’événement sera adapté aux circonstances", précise-t-il.
La conférence internationale se tient tous les deux ans et elle doit accueillir plus de 12 000 personnes, dont l’ancien président des États-Unis Bill Clinton et le chanteur et activiste britannique Bob Geldof.
Avec AFP