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L’ex-dictateur panaméen Noriega part en guerre contre Call of Duty

Du fond de sa cellule, Manuel Noriega, l’ex-dictateur panaméen n'a visiblement pas apprécié d'apparaître comme un assassin de sang froid et une crapule dans le jeu vidéo Call of Duty : Black Ops II. Il porte plainte contre l'éditeur Activision.

Même les dictateurs déchus qui croupissent en prison s’intéressent aux jeux vidéo. C’est en tout cas le cas de Manuel Noriega, l’ancien homme fort du Panama. Depuis le centre de détention d'El Renacer (Panama), il a déposé plainte, mardi 15 juillet, contre l’éditeur Activision pour l’avoir fait passer pour un grand méchant dans le jeu vidéo Call of Duty : Black Ops II.

Dans ce titre, sorti en 2012, le joueur, qui incarne un soldat américain des forces spéciales, se retrouve à deux doigts de tuer un Manuel Noriega tout de pixels vêtus. Mais il doit, finalement, se contenter de l’appeler “asshole” (trou du cul) et de pire crapule au monde après un coup de fil d’un agent de la CIA lui intimant l’ordre de le ramener vivant. Dans une autre scène, le double virtuel de l'autocrate déchu assassine froidement deux de ses propres soldats.

Question de gros sous

Ce scénario n’a visiblement pas plu à l’ex-homme d’État qui a régné d’une main de fer sur Panama entre 1983 et 1989. Manuel Noriega, condamné pour trafic de drogue, blanchiment d’argent et assassinats politiques, n’accepte pas d’être dépeint comme un ennemi du genre humain, “responsable de multiples crimes haineux fictifs”, d’après la plainte. Le jeu donnerait “la fausse impression qu’[Activision] a été autorisé par le plaignant à utiliser son image”, peut on lire dans la plainte déposée par les avocats de Manuel Noriega.

Mais pour Manuel Noriega, les questions d’argent sont aussi importantes que celle de l’image. Le prisonnier veut toucher une part des bénéfices qu’Activision a tiré de la vente de Call of Duty : Black Ops II. Les ventes du jeu ont, en effet, généré plus d’un milliard de dollars de revenus pour l’éditeur américain.

Il s’estime d’autant plus lésé qu’une autre personne réelle, le lieutenant-colonel des marines Oliver North, a été étroitement associée au projet comme conseiller. Apparemment, Manuel Noriega aurait bien voulu être consulté et rémunéré également.

Manuel Noriega et Lindsay Lohan, même combat

Reste que l’ex-dictateur et Oliver North ne sont pas les seuls personnages à avoir leur alter ego dans ce Call of Duty. Le général américain David Petraeus fait également une apparition dans ce jeu dont l’action se déroule en 2025. Cet ex-directeur de la CIA y incarne le futur secrétaire d’État américain. Le vrai David Petraeus n’a, semble-t-il, rien eu à redire à ce sujet. Activision avait précisé en 2012 que “l’intégration du général David Petraeus et d’autres personnes réelles étaient un choix strictement créatif”. Contacté par France 24, le géant américain n’a pas voulu commenter les derniers développements judiciaires de ce “choix créatif”.

Call of Duty : Black Ops II n’est pas le premier jeu vidéo à s’attirer les foudres judiciaires de personnalités réelles. La société américaine Take Two est devenue un grand spécialiste de ce genre de péripéties, grâce à sa série Gran Theft Auto (GTA). La starlette hollywoodienne Lindsay Lohan a déposé plainte, le 2 juillet 2014, contre les créateurs du jeu GTA V pour avoir utilisé son image sans son accord. Avant elle, c’est Karen Gravano, la fille d’un mafieux repenti, qui a réclamé, en février 2014, 40 millions de dollars (30 millions d’euros) à Take Two pour s’être inspiré, toujours sans son accord, de sa vie pour une mission du jeu.