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Sept Égyptiens condamnés à la perpétuité pour agression sexuelle

La justice égyptienne a condamné, mercredi, sept hommes à la réclusion à perpétuité pour avoir agressé sexuellement plusieurs femmes au Caire lors des célébrations qui ont suivi l'élection du président Abdel Fattah al-Sissi, en juin dernier.

C’est une première : la justice égyptienne a condamné, mercredi 16 juillet, sept hommes à passer le reste de leur vie en prison pour agression à caractère sexuel contre des femmes près de la place Tahrir. Deux autres accusés ont été condamnés, respectivement à 40 ans et 20 ans de prison, dans ce procès pour tentative de viol, tentative de meurtre et torture.

Les faits se sont produits en juin dernier, lors des célébrations suivant l'élection d'Abdel Fattah al-Sissi à la présidence de la République.

Ce verdict sévère devrait satisfaire ceux qui critiquent les autorités pour leur immobilisme face au problème endémique du harcèlement sexuel, auquel la société égyptienne est confrontée depuis une vingtaine d’années.

Le 3 juin dernier, des dizaines de milliers de personnes s’étaient massées aux abords de la place Tahrir après l’annonce de l’élection de Sissi à la présidence, puis à nouveau lors de sa prestation de serment, le 8 juin. Au cours de ces deux journées, plusieurs femmes avaient été attaquées par des groupes d’hommes et certaines violées.

Une vidéo avait notamment circulé sur les réseaux sociaux : on pouvait y voir une femme déshabillée, le corps couvert de blessures, escortée vers une ambulance au milieu d'une foule compacte d’hommes. Ces images avaient soulevé une vague d'indignation en Égypte et à l’étranger, et provoqué de nouvelles manifestations contre les attaques sexuelles au Caire.

Sissi et les "tests de virginité"

Une fois élu à la tête de l’État, Abdel Fattah al-Sissi a demandé au ministère de l’Intérieur de sévir contre les agressions sexuelles. L’ancien ministre de la Défense, qui a régulièrement fait l'éloge des femmes et de leur importance dans la société, avait rendu visite à l'une des victimes à l'hôpital.

Des défenseurs des droits de l’Homme égyptiens avaient cependant rappelé qu’en 2011, le maréchal Sissi avait justifié une pratique de l'armée - par la suite interdite par la justice - consistant à soumettre des manifestantes à des "tests de virginité". Abdel Fattah al-Sissi était alors membre du Conseil suprême des forces armées, qui a dirigé l’Égypte pendant un peu plus d'un an après la chute d’Hosni Moubarak.

Selon un rapport de l'Onu datant d'avril 2013, 99,3% des femmes et des jeunes filles en Égypte sont victimes de faits de harcèlement sexuel, le plus souvent des remarques lubriques ou des attouchements. Parallèlement, des attaques collectives très violentes contre des femmes se sont produites à pluiseurs reprises lors de manifestations sur la place Tahrir depuis le soulèvement de janvier 2011. Ce fléau, presque jamais puni, a été médiatisé après plusieurs cas de femmes journalistes, notamment des étrangères, victimes d'agression et parfois de viols.

Une nouvelle législation contre le harcèlement sexuel

En avril dernier, l'Égypte a adopté une nouvelle législation punissant spécifiquement le harcèlement sexuel, et prévoyant des sanctions allant de l'amende à la prison ferme. Ces mesures avaient cependant été jugées insuffisantes par les principales associations de défense des droits de l'Homme du pays, qui avaient appelé à une "stratégie globale" contre les violences sexuelles.
 

Avec AFP, Reuters