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"Wissous plage" : l’interdiction du port du voile suspendue par la justice

Le tribunal administratif de Versailles a suspendu, samedi, le règlement de la mairie de Wissous, dans l'Essonne, interdisant le port de signes religieux sur l'opération estivale "Wissous Plage". Deux femmes voilées avaient été refoulées.

Elles pourront donc désormais accéder à "Wissous plage". Le tribunal administratif de Versailles a suspendu, samedi 12 juillet, un règlement de la mairie UMP de Wissous dans l’Essonne interdisant le port de signes religieux. La préfecture de l'Essonne ainsi que le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) avaient saisi la justice dans une procédure d’urgence après que deux femmes voilées ont été refoulées samedi 5 juillet.

Le règlement incriminé, adopté fin juin, s'inspire de la loi de 2004 sur le port du voile dans les établissements scolaires. D'après la municipalité, ce texte peut s'appliquer à "Wissous plage", qui est un établissement recevant du public (ERP) et pas un lieu public.

"Une mesure d’ordre public"

Le maire de Wissous, Richard Trinquier, a assuré qu’il n’avait fait qu’appliquer "le principe de laïcité". "En aucun cas ce texte n'est une entrave à la pratique de la religion, a-t-il déclaré. Il a par ailleurs évoqué une "présence de plus en plus importante de signes religieux", faisant selon lui "obstacle au vivre ensemble". "C'est une mesure d'ordre public. Nous avons souhaité affirmer la laïcité", a ajouté, imperturbable, ce père de deux garçons.

Fraîchement réélu, Richard Trinquier a déjà suscité quelques controverses pendant ses deux premiers mandats (1995-2008). En 1995, à une époque où aucune loi n'encadrait les polices municipales, il avait armé ses agents de 357 Magnum, puis de fusils à pompe, et s'était octroyé le port d'arme par arrêté municipal. Fin 2004, il équipe sa police de tasers, des armes pas encore homologuées, justifiant l’intervention du préfet.

Laïcité versus "éradication de toute manifestation religieuse"

Cette décision "porte atteinte à une liberté fondamentale, la liberté de croyance religieuse", a estimé de son côté l'avocat du CCIF, Me Sefen Guezguez, accusant le maire de Wissous de "confondre la laïcité avec l'éradication de toute manifestation religieuse".

Pour l’association, l'interdiction du port des signes religieux constitue "une discrimination religieuse", qui "viole les principes de la République". "Cette loi n'est absolument pas applicable en l'état", a-t-il fait valoir, accusant le maire de Wissous de "confondre la laïcité avec l'éradication de toute manifestation religieuse". "Par le passé, des femmes voilées se sont rendues à Wissous Plage sans qu'il y ait le moindre problème [...] Je ne vois pas en quoi le vivre ensemble est favorisé quand on exclut une partie de la population".

Cette décision est provisoire, le juge des référés ne statuant pas sur le fond de l'affaire, qui devra faire l'objet d'une nouvelle audience devant la justice administrative.

Avec AFP