
Pour la deuxième fois de son histoire, le Tour de France s'est élancé d'Angleterre. À Leeds, les amateurs de vélo sont venus en très grand nombre. Dans le royaume d'Elisabeth II, la petite reine est de plus en plus populaire.
En ce samedi 5 juillet, les rues de Leeds ont un petit air français. Les balcons de la ville arborent des guirlandes aux couleurs des maillots du Tour de France. Parmi les habitants massés le long des rues pour assister à la première étape de l'édition 2014, certains osent même la marinière “so frenchy”. La célèbre statue d'Edouard de Woodstock, le prince noir qui affronta les Français durant la guerre de cent ans, porte elle aussi un tee-shirt jaune pour l'occasion.
Près de la zone du départ, dès les premières heures de la journée, les amateurs de vélo patientent en nombre. Pas question de manquer ce jour historique, le tout premier passage de la Grande Boucle dans le Yorkshire. “C'est le plus grand événement sportif au monde !”, s'enthousiasme Tom, un jeune homme venu tout spécialement de Londres. Avec son drapeau britannique sur le dos, ce cycliste amateur voue un véritable culte au Tour de France : “Je l'aime ! C'est très spécial. Il y a des personnages sur la route et en dehors. Je me suis pris de passion pour le vélo depuis la victoire de Bradley Wiggins. J'ai lu beaucoup de livres sur l'histoire du Tour de France”.
Le succès des champions britanniques
Parmi les spectateurs, nombreux sont ceux qui ont découvert la petite reine en 2012, lors du premier succès britannique sur la Grande Boucle. En l'espace d'un an, la fédération britannique de cyclisme a enregistré 22 000 licenciés supplémentaires. “Le cyclisme est de plus en plus populaire en Grande-Bretagne”, explique Pete, un pompier venu en tenue de cycliste. “L'équipe Sky (celle de Bradley Wiggins, NDLR) a permis de médiatiser ce sport. C'est dommage que Wiggins ne soit pas là cette année (Christopher Froome, vainqueur l'année dernière, a été choisi pour mener la formation), mais j'aime aussi beaucoup Mark Cavendish. C'est un grand compétiteur. J'ai écrit son nom sur la route. Regardez, j'ai de la peinture sur les jambes !”
À quelques mètres de là, Matt et Howard, deux amis d'enfance, sont du même avis. Le sprinteur britannique Cavendish, vainqueur de 25 étapes sur le Tour et dont la mère a habité dans le Yorkshire, est leur favori. “Nous sommes vraiment fan. C'est l'un des meilleurs sportifs de la planète”, insiste Matt, le visage entièrement peint en jaune. “Nous sommes vraiment obsédés par le Tour. C'est notre événement sportif favori. J'ai commencé à le regarder l'année de la victoire de Greg Lemond contre Laurent Fignon (en 1989, NDLR)”, raconte pour sa part Howard. Ce fan ne cache pas son excitation. Il a d'ailleurs commencé à transmettre sa passion à sa petite fille Florrie qui, du haut de ses quatre ans et demi, porte déjà le maillot à pois du meilleur grimpeur.
Une carte postale devant des millions de téléspectateurs
Devant la boutique officielle, Roop Singh a de son côté choisi d'enfiler un maillot jaune. Amateur de cyclisme depuis sa plus tendre enfance, il réalise un rêve en voyant le Tour dans sa ville de Leeds. “Ce n'est pas bizarre de le voir ici, car les gens aiment vraiment le vélo. C'est une vraie famille, une communauté. Le vélo, c'est la liberté. Tu peux gravir des collines et c'est gratuit”, raconte ce membre de la communauté Sikh qui a également peint son vélo en jaune spécialement pour le départ. Les spectateurs de cette première journée ne sont pas seulement des Anglais. Des drapeaux norvégiens, français ou encore italiens flottent un peu partout. Un groupe d'amis belges a fait plusieurs centaines de kilomètres pour assister à l'épreuve. Aux couleurs des Diables Rouges, ils sont venus soutenir leurs compatriotes qui sont dans le peloton. “Cela permet aussi de découvrir une autre région”, insiste l'un des membres de cette joyeuse bande.
En donnant le départ de la Grande Boucle au Yorkshire, les organisateurs du Tour de France ont, en effet, avant tout offert un sacré coup de projecteur à cette région du nord de l'Angleterre. Sur les écrans de télévision du monde entier, les fans de vélo vont découvrir durant deux étapes ce comté rural aux chemins pittoresques . “Le Tour de France, c'est plus de trois milliards de téléspectateurs en cumulé”, insiste le directeur Christian Prudhomme.”On cherche d'abord la beauté des paysage et des routes différentes. Ici, il y a du plat et des routes vallonnées”.
Le responsable du Tour vante la carte postale touristique, mais aussi l'incroyable ferveur de la population. Il ne pensait pas ce passage en terre anglaise allait susciter autant d'émotions : “Je n'avais pas conscience de la fierté qu'on les gens ici d'accueillir le Tour de France. Les gens nous arrêtent et nous disent merci. Le Tour, c'est vraiment plus que du sport”. Tout près de lui, l'initiateur de cet événement et le directeur de l'office de tourisme du Yorkshire, Gary Verity, a bien du mal à dissimuler sa satisfaction. "Oui, c'est un énorme retour sur investissement et cela représente beaucoup d'argent", lâche-t-il à demi-mots, avant de se reprendre rapidement : "Mais c'est surtout un grand honneur pour moi et beaucoup d'émotions". Près de deux millions de personnes sont ainsi attendues durant les trois étapes anglaises. Ce passage du Tour de France devrait également générer plus de 125 millions d'euros pour l'économie locale.