Les députés français doivent débattre, vendredi, dans l'hémicycle, de la taxe Zucman, qui a peu de chances d'être adoptée, et plus largement de fiscalité sur les très hauts patrimoines, tandis que le dossier des retraites sera au menu des discussions en commission des Affaires sociales.                
                    
 
            
 
        
 
                         
                 L'Assemblée nationale lors du vote du projet de loi immigration, le 19 décembre 2023 à Paris.                  © Sarah Meyssonnier, Reuters              
                 
                         
                            
    
                                                                                                    
Les deux dossiers phares des textes budgétaires débattus à l’Assemblée nationale : les députés se pencheront dans l’hémicycle, vendredi 31 octobre, sur la taxation du patrimoine, sur fond d'ultimatum du Parti socialiste (PS) pour davantage de "justice fiscale", et une partie des parlementaires doivent se prononcer en commission sur la suspension de la réforme des retraites, autre clé d'une non-censure.
Dès 9 h, les députés rouvriront les débats sur le projet de budget de l'État, avec la question sensible de la fiscalité du patrimoine et la désormais fameuse taxe Zucman, après avoir approuvé ces derniers jours plusieurs taxes sur les grandes entreprises ou les géants des technologies.
Signe de l'importance du moment, le Premier ministre Sébastien Lecornu devrait se rendre au Palais Bourbon dans la journée pour participer aux débats, selon son entourage, alors que le PS menace de censurer en cas de refus du gouvernement d'imposer les hauts patrimoines. "La journée est majeure", souligne un ministre.
Au menu notamment, une taxe proposée par le gouvernement sur certaines holdings, des sociétés qui détiennent des participations dans d'autres entreprises, et qui fait débat dans son propre camp.
Puis viendront des propositions de tous bords. Le Rassemblement national (RN) et le MoDem proposeront par exemple leurs versions d'un impôt sur la fortune. La gauche défendra entre autres l'instauration de la taxe de l'économiste Gabriel Zucman, impôt minimum de 2 % sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros.
Les socialistes proposeront en sus leur version de compromis au camp gouvernemental : 3 % à partir de 10 millions d'euros, mais en excluant les entreprises innovantes et familiales.
"Zucman ça passe pas"
Philippe Brun (PS), négociateur pour son groupe sur le budget, estime son rendement à "15 milliards", une estimation nettement rehaussée pour cette Zucman "light" par rapport à de précédents calculs.
Mais elle peine à convaincre le reste de la gauche. "On n'a jamais été contre voter des amendements de repli" mais "c'est une taxe passoire", estime Éric Coquerel, président La France insoumise (LFI) de la commission des Finances.
Et l'horizon paraît bouché face à une levée de boucliers au centre et au RN.
"On est contre toutes les versions", assume Sylvain Maillard (Renaissance). Zucman, c'est "non, ni light, ni hard, ni rien du tout", a martelé Marine Le Pen, patronne des députés RN. Quant à Sébastien Lecornu, il a estimé jeudi qu'"il ne faudrait pas que des impôts improvisés créent des faillites certaines" d'entreprises.
De quoi susciter le pessimisme : "Zucman ça passe pas, l'amendement [de repli] non plus", pensent séparément deux députés PS.
Pour autant, certains imaginent en cas d'échec un autre chemin, comme un amendement du gouvernement lors de la séance qui viendrait réconcilier plusieurs camps.
"Si cela rapporte autant que la taxe Zucman, nous le regardons", a affirmé jeudi le patron des députés PS Boris Vallaud. S'il y a une "troisième voie, au gouvernement de la proposer".
Les retraites débattues en commission
Dans l'ombre de l'hémicycle, la commission des Affaires sociales examinera toute la journée le budget de la Sécurité sociale. Les enjeux sont moindres puisque les députés repartiront dans l'hémicycle, la semaine prochaine, de la copie initiale du gouvernement.
Plusieurs points chauds seront abordés : gel des prestations sociales, montant prévu des dépenses de l'Assurance maladie, etc... Mais le vote attendu sera celui sur la suspension de la réforme des retraites, autre condition de la non-censure du PS à laquelle le Premier ministre a consenti.
S'il existe une majorité à l'Assemblée pour abroger purement et simplement la réforme, le sort de cet article en commission est incertain.
Les Républicains (LR) et Horizons (le parti d'Édouard Philippe) proposeront sa suppression, et pourraient être soutenus par des macronistes. Le RN devrait voter pour selon une source au groupe, tout comme les socialistes.
Mais les insoumis ne voteront pas l'article en commission, simple "report de la hausse de l'âge légal de départ", argue Hadrien Clouet. Les écologistes l'envisagent aussi et décideront vendredi: "Hélas Macron a raison, c'est un décalage et non pas une suspension, qui quelque part entérine les 64 ans", souligne Danielle Simonnet.
Avec AFP

 
 