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Un djihadiste français de 17 ans écroué pour meurtre à son retour en France

Un adolescent français, parti rejoindre un groupe djihadiste en Syrie pendant plusieurs mois, a été arrêté à Nice la semaine dernière. Le jeune garçon avait finalement décidé de rentrer. Il est actuellement en détention provisoire.

Un adolescent français de 17 ans, qui avait rejoint le Front al-Nosra en Syrie [mouvance d’Al-Qaïda] pendant plus de six mois avant de se repentir et de rentrer en France, a été mis en examen, samedi 28 juin, pour homicide volontaire et association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.

Le jeune garçon, originaire de Nice, était parti en Syrie avec son frère de 23 ans. Son père, Abderazak Cherif, était allé le chercher à la frontière turco-syrienne après l’avoir convaincu via Facebook de renoncer à son projet de djihad. "On a trouvé un hôtel en Turquie, situé à une dizaine de kilomètres où lui se trouvait en Syrie, dans la ville d’Athmé. On a pris la décision de se retrouver à l’aube. Il m’a dit : 'je suis capable' et il a traversé la frontière en courant", a-t-il confié à RFI.

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Mais de retour en France, après avoir atterri à l’aéroport de Nice, les choses se gâtent. La police attend le garçon pour l’arrêter. Un autre djihadiste présumé, revenu lui aussi sur le sol français, accuse l’adolescent en question d’avoir participé à une exécution. "On m’a dit qu’il y avait une fiche sur mon fils et qu’il fallait l’arrêter", a ajouté Abderazak Cherif. Le jeune homme, qui nie les faits liés à un homicide, est placé en détention provisoire.

"Comment peut-on être terroriste à cet âge-là ?"

Pour son avocat, aucune preuve tangible ne justifie la case prison. "On le met en examen pour homicide volontaire, mais on ne sait pas où, on ne sait pas quand et il n'y a aucun élément matériel, ni de victime identifiée", a déploré Me Pradel. Le père de l’adolescent ne comprend pas non plus la procédure judiciaire.

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"Un mineur c’est quelqu’un qui a besoin d’aide. C’est normal qu’on l’interroge pour avoir des informations comme les raisons de son départ, ceux qui l’ont aidé à partir, mais de là à l’enfermer en prison, je ne comprends pas […] Mon fils n’est pas rentré en France de façon clandestine. Il est rentré avec son père de façon claire, limpide et connue. Celui qui a de mauvaises intentions ne rentrerait pas de cette façon-là. Comment peut-on être terroriste à cet âge ?", explique-t-il. Le jeune garçon est passible de la cour d’assises.

Depuis un an et demi, les candidats au djihad sont de plus en plus nombreux et leur retour en Europe après un passage en Syrie présente aux yeux des responsables de l'antiterrorisme le principal risque d'attentat. Preuve en est, la fusillade du 24 mai ayant fait quatre morts au Musée juif de Bruxelles. Le suspect, Mehdi Nemmouche, 29 ans, originaire de Roubaix (Nord), s'était rendu en Syrie fin 2012 pour y rejoindre les djihadistes de l'État islamique en l'Irak et au Levant (EIIL).

En France, le ministre de l'Intérieur a présenté fin avril, lors du conseil des ministres, les grandes lignes d'un plan de lutte contre les filières djihadistes vers la Syrie. Parmi les mesures prévues, la mise en place d'un numéro vert (0 800 005 696) pour signaler des candidats au départ, la privation de passeport et la création d'un dispositif de réinsertion individualisée.

Avec AFP

Tags: Syrie, Jihad, France,