Les autorités chinoises ont drastiquement restreint les possibilités d’observer le jeûne du ramadan dans la région du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine. La communauté musulmane ouïghoure dénonce une fois de plus une discrimination.
La tension ne cesse de croître dans la région du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine. Alors que le mois du ramadan vient de débuter, les autorités chinoises ont interdit aux fonctionnaires, aux enseignants et aux étudiants ouïghours de pratiquer leurs rites religieux. À savoir se rendre dans les lieux sacrés (l’accès aux mosquées a été réduit) ou observer le jeûne durant la journée, l’un des cinq piliers de l’islam. Divers sites gouvernementaux relaient en effet des instructions à suivre dans cette zone autonome proche du Kazakhstan.
Pour montrer l’exemple aux Ouïghours, l’ethnie musulmane majoritaire dans la région – quelque 9 millions d’âmes sur un total de 22 millions d’habitants -, les autorités ont notamment diffusé une photo montrant des musulmans attablés en pleine journée durant le ramadan. "Même si ce repas coïncidait avec la fête musulmane du ramadan, les cadres qui y ont pris part ont affiché une attitude positive", indique le bureau gouvernemental du bassin de la rivière Tarim, dans un texte accompagnant l’image.
Une "attitude positive", par opposition aux répercussions prétendument néfastes du ramadan : la raison invoquée officiellement pour justifier ces restrictions est en effet l’impact que peut avoir le jeûne sur la santé des employés du gouvernement. Or parmi les catégories visées par ces mesures figurent des fonctionnaires à la retraite.
Amenés de force à la cafétéria
Si les restrictions sont plus sévères cette année, l’attitude anti-islam des autorités n’est pas nouvelle dans le Xinjiang. En 2008, déjà, le gouvernement local avait obligé les restaurants appartenant à des musulmans à rester ouverts durant les heures où ils étaient traditionnellement fermés, en période de ramadan.
En 2011, des étudiants musulmans d’une université de cette région autonome ont été escortés par leur professeur jusqu’à la cafétéria de leur établissement, durant la pause déjeuner, a rapporté le journal "Los Angeles Times". Plus tard, durant l’Aïd el-Fitr [fête musulmane célébrant la fin du ramadan], ils ont été retenus sur le campus universitaire, empêchés de rejoindre leur famille pour l’occasion.
De plus en plus strictes, ces mesures illustrent le durcissement de la répression conduite par le Parti communiste chinois à l'encontre des Ouïghours.
"La politique de Pékin exacerbe le terrorisme"
De nombreux musulmans affirment désormais être victimes d’une répression culturelle et religieuse. Le Congrès mondial ouïghour, une organisation exilée en Allemagne et considérée par Pékin comme "séparatiste", a prévenu que ces nouvelles "mesures coercitives, restreignant le culte religieux des Ouïghours, déboucheront sur davantage de conflits".
Hostile à la tutelle de Pékin, la frange radicale de ces musulmans turcophones serait, selon Pékin, à l'origine de sanglants attentats ces derniers mois au Xinjiang et dans le sud-ouest de la Chine. Cette montée des violences séparatistes a entraîné une intensification de la répression des autorités chinoises, qui ont réagi avec la plus grande fermeté, lançant des vagues d'arrestations de personnes "soupçonnées de terrorisme".
Sur les réseaux sociaux, les mesures gouvernementales ont par ailleurs été dénoncées comme contre-productives : “En interdisant toute sorte d’activités religieuses, la politique de Pékin envers le Xinjiang revient à exacerber le terrorisme ”, a commenté, sur Twitter, Mehmet Söylemez, un observateur dans le pays.
Avec AFP