Dans un entretien à Europe 1 et TF1, l’ex-président français a mis en cause la partialité des juges qui l’ont mis en examen pour "corruption active". Il a par ailleurs annoncé qu’il déciderait d’ici septembre s’il briguera la présidence de l’UMP.
Nicolas Sarkozy a dénoncé mercredi 2 juillet une "instrumentalisation politique d'une partie de la justice" française à son encontre, quelques heures après sa mise en examen pour "trafic d'influence", "corruption active" et "violation du secret professionnel".
Dans la première interview accordée depuis sa défaite à l'élection présidentielle de 2012, l'ex-chef de l'État a déclaré à Europe 1 et TF1 être sorti de son silence médiatique en raison de la gravité du moment. "La situation était suffisamment grave pour que je dise aux Français ce qu'il en était de l'instrumentalisation politique d'une partie de la justice aujourd'hui", a-t-il dénoncé. Avant d’ajouter : "Dans notre pays [...], il y a des choses qui sont en train d'être organisées. Les Français doivent les connaître et en leur conscience et en toute liberté, doivent juger de ce qu'il en est."
itDe fait, l’ancien chef de l’État déplore que Claire Thépaut, l’une des deux juges chargées du dossier, adhère au Syndicat de la magistrature (SM), étiquetée à gauche. "Est-il normal qu’on ait choisi une magistrate membre du SM dont l’obsession politique est de me détruire ?"
"Une image qui n'est pas conforme à la vérité"
Dans la nuit de mardi à mercredi, au terme d'une garde à vue de 15 heures, Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour "corruption active", "trafic d’influence" et "violation du secret professionnel". Des chefs d’accusation "grotesques", a dénoncé l’intéressé, qui a en outre déploré que tout soit fait pour donner de lui "une image qui n'est pas conforme à la vérité." L’ancien président a assuré n'avoir jamais trahi la confiance des Français "ni commis un acte contraire aux principes républicains ou à l'État de droit".
Nicolas Sarkozy s'est par ailleurs dit "profondément choqué" par le traitement qui lui a été réservé. "Il y a une volonté de m’humilier en me convoquant sous le statut de la garde à vue", accuse-t-il. "Ne pouvait-on pas me convoquer ?" a-t-il estimé avant de pointer que l’ancien ministre du Budget du gouvernement Hollande, Jérôme Cahuzac, convaincu de fraude fiscale, "n’a pas fait une seconde de garde à vue". "Je ne demande aucun privilège, a-t-il cependant précisé. Et si j'ai commis des fautes, j'en assumerai toutes les conséquences. Je ne suis pas un homme qui fuit ses responsabilités."
"Je ne suis pas un homme qui se décourage devant les vilenies"
Prié de dire si cette décision des juges était de nature à l'inciter à ne pas se porter candidat à la présidence de l’UMP, il a répondu : "J'ai longuement réfléchi à ces questions, la question de savoir si on renonce ne se pose pas pour moi. Pourquoi elle ne se pose pas ? Parce que vis-à-vis de son pays, on a des devoirs, on n'a pas des droits. Et je regarde avec consternation la situation de la France, l'État de la France et je connais l'inquiétude des Français et leurs souffrances. J'aurai à décider, après un temps de réflexion, à la fin du mois d'août, au début du mois de septembre, de ce que je devrais faire."
it>> À voir sur France24.com : notre infographie sur les "hommes" du système Sarkozy"
Lorsqu'on lui demande s'il estime que la France a besoin de lui, Nicolas Sarkozy poursuit : "Le fait même que vous me posiez la question [...] montre que la question se pose". Et de conclure : "J'aime passionnément mon pays et je ne suis pas un homme qui se décourage devant les vilenies et les manipulations politiques".
L’élection à la présidence de l'UMP doit se dérouler les 29 novembre et 6 décembre 2014. Une primaire à droite se tiendra ensuite en 2016 pour déterminer le candidat de l'UMP à la présidentielle de 2017.
Avec Reuters
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Le Syndicat de la magistrature répond à Nicolas Sarkozy
Le Syndicat de la magistrature (SM) a accusé Nicolas Sarkozy de "tenter de jeter le discrédit" sur les juges, après que ce dernier a mis en cause, durant l’entretien accordé à Europe 1 et TF1, la partialité d’une des deux magistrates en charge du dossier.
L'ancien chef de l'État français "persiste à tenter de jeter le discrédit sur ceux dont la profession est de rechercher la manifestation de la vérité", déplore dans un communiqué le SM, classé à gauche, assurant qu'"un juge, même syndiqué, n'en est pas moins impartial". L'organisation regrette que Nicolas Sarkozy fasse "l'amalgame entre la critique par un syndicat, personne morale, d'une politique menée et l'action d'un magistrat directeur d'enquête, dans le cadre de ses fonctions".