Des sauveteurs italiens ont secouru dimanche un bateau de pêche transportant une trentaine de cadavres sur les 590 réfugiés et migrants que comptait l'embarcation. L'Italie appelle l'Europe à l'aide pour gérer le flux de réfugiés sur son sol.
C’est la première fois que des sauveteurs italiens retrouvent des corps de migrants en si grand nombre sur une embarcation. Une trentaine de cadavres ont été trouvés sur un bateau de passagers clandestins secouru en pleine nuit de dimanche à lundi dans le Canal de Sicile, qui sépare l'Italie des côtes nord-africaines, ont annoncé lundi 30 juin les agences de presse italiennes.
Le bateau de pêche transportait environ 590 réfugiés et migrants. Les immigrés décédés sont apparemment morts par asphyxie. Les corps ont été retrouvés dans une partie difficile d'accès du bateau de pêche. Les personnes les plus vulnérables, dont deux femmes enceintes, ont pu être ramenées saines et sauves sur la terre ferme.
L’embarcation était en cours de remorquage dans la nuit et devait arriver lundi à Pozzallo dans la zone de Raguse (sud-est de la Sicile).
Ce genre d’opération de sauvetage est devenue courant dans la zone. Le 14 juin dernier, 10 migrants s'étaient noyés dans le naufrage de leur embarcation à seulement 70 km des côtes libyennes où la marine italienne était venue leur porter secours. Sur le même canot pneumatique, 39 autres migrants avaient alors pu être sauvés par un bâtiment de la marine.
Au cours du week-end passé, la marine a annoncé être venue au secours de 1 654 migrants et réfugiés répartis sur sept embarcations, bateaux de pêche et canots de fortune.
Les effets pervers de "Mare Nostrum"
Ces sauvetages s'inscrivent tous dans le cadre de l'opération "Mare Nostrum" (nom que les Romains donnaient à la Méditerranée), lancée par l'Italie à l'automne 2013 après deux terribles naufrages, l'un près de Lampedusa, l'autre près de Malte, ayant fait au moins 400 morts.
Les experts soulignent que l'opération a aussi des effets pervers car les navires militaires italiens vont de plus en plus loin au large se rapprochant des côtes libyennes, ce qui tend à alimenter le flux des départs.
En raison d'une météo favorable et de l'insécurité croissante dans leur pays d'origine mais également en Libye, leur point de départ, des milliers d'immigrés et réfugiés - Syriens, Érythréens, habitants pauvres d'Afrique sub-saharienne - prennent la mer chaque semaine vers les côtes italiennes.
Rome appelle à l’aide
Depuis le début de l'année, selon les autorités, plus de 60 000 migrants et réfugiés fuyant les guerres et à la recherche d'une vie meilleure ont débarqué dans le sud de l'Italie. Le record de 2011, où le nombre de migrants avait atteint les 63 000 personnes en raison des printemps arabes, devrait être dépassé.
Certains experts pensent même que l'on pourrait arriver cette année à 100 000 personnes secourues dans le Canal de Sicile.
L'Italie a obtenu un renforcement de Frontex, l'agence de surveillance des frontières européennes, et des aides supplémentaires pour gérer l'afflux de migrants. Mais elle voudrait de l'Union européenne, et en particulier des pays du nord de l'Europe, une plus grande solidarité dans l'effort d'accueil des immigrés.
Cette semaine, le ministre italien de l'Intérieur Angelino Alfano a aussi demandé en marge d'un sommet du G6 à Barcelone que Mare Nostrum "devienne une opération européenne" dont Bruxelles prendrait la direction.
Avec AFP