![Ayham Ahmed veut chanter la trêve dans un camp syrien de réfugiés Ayham Ahmed veut chanter la trêve dans un camp syrien de réfugiés](/data/posts/2022/07/19/1658226256_Ayham-Ahmed-veut-chanter-la-treve-dans-un-camp-syrien-de-refugies.jpg)
Depuis sept mois, le pianiste de rue Ayham Ahmed chante le quotidien du camp de Yarmouk, assiégé par les forces du régime syrien. Il attend aujourd'hui de pouvoir célébrer l'application de la trêve décrétée le 21 juin et le retour des habitants.
Cela fait un an que le camp de réfugiés de Yarmouk, situé au sud de Damas, est assiégé par les forces du régime. Seule l'aide de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA) et de quelques ONG locales qui pénètrent au compte-gouttes dans le camp, a permis aux quelque 18 000 civils encore présents de ne pas être totalement abandonnés à leur sort.
Un accord signé le 21 juin entre les autorités syriennes, différents groupes armés de l’opposition et des représentants de l’Organisation de Libération de la Palestine pourrait enfin désserrer l’étau et permettre, à tout le moins, d'entrer et de sortir de ce camp dans lequel vivaient 150 000 habitants palestiniens et syriens avant l'éclatement du conflit en mars 2011.
Un piano dans un chariot pour entretenir l'espoir
Outre la réouverture des points de passage à l'entrée du camp, l'accord prévoit également sa démilitarisation et la reconstruction des infrastructures détruites. En attendant son application concrète, Ayham Ahmed, pianiste de formation, continue de descendre régulièrement dans les allées pour jouer du piano, instrument qu'il tire dans un chariot à travers le camp. Cela fait sept mois qu'il contribue ainsi à sa façon à entretenir l'espoir.
Il ne s'agit pas de la première trêve conclue dans le camp de Yarmouk et l’UNRWA s'est réjoui avec prudence de la signature de cet accord. "Nous accueillerons tout accord durable qui consiste en l'arrêt des combats, l'accès complet à l'aide humanitaire et à la fin des souffrances des civils de Yarmouk et de toute la Syrie", indiquait Christopher Gunness, porte-parole de l’UNRWA, dans un communiqué diffusé le 23 juin.
L'UNRWA estime que près de 200 personnes sont mortes de privations, dont 128 de faim, depuis juillet 2013. Une photo, diffusée par l’UNRWA en février, disait la gravité de la situation humanitaire dans le camp. Largement relayée sur les réseaux sociaux, elle montrait la marée humaine des réfugiés attendant une distribution d’aide au milieu d’un champ de ruines.
Chanter le quotidien du camp
Au début, Ayham Ahmed jouait à l'écart des zones encore habitées, par pudeur et respect pour tous les habitants endeuillés. "Je plantais mon piano dans le décor d'un paysage en ruines, où personne ne pouvait m'entendre, confie-t-il à France 24. Notre quotidien est celui de la mort et de la faim. J'avais peur que mon envie d'enjoliver notre triste réalité soit mal comprise. Mais les gens ont aimé et sont venus chanter avec moi."
Aujourd'hui, il a crée un groupe "firqa chabab yarmouk" (Les jeunes de Yarmouk). Son père, violoniste et aveugle, se joint régulièrement à eux. Des enfants aussi. Ensemble, ils chantent des chansons que Ayham Ahmed ou d'autres ont composées, pour la plupart inspirées de leur quotidien dans le camp assiégé.
Comme cette chanson qui raconte le vide laissé par ceux qui ont quitté le camp de Yarmouk et qu'ils invitent à revenir.
"Assez d'être en dehors (du camp), revenez, vous, proches que nous aimons
C'est assez, votre absence a trop duré
...
Revenez et apaisez nos esprits avec votre tendresse
...
Vous qui résidez en Turquie
Vous manquez à Yarmouk, oh frères
...
Vous qui résidez en Liban
Vous manquez à Yarmouk, oh oncles..."
Ou cette autre chanson qui raconte avec humour un quotidien de survie où les distributions d’aide de l'UNRWA sont attendues avec impatience.
"Le carton de l'UNRWA, Ah ah ah ..
Le carton de l'UNRWA, ils l'ont apporté ...
Waouh! Ils ont réussi à le laisser entrer dans le camp ...
Les gens sont allés, ils ont lutté, se sont battus pour l'avoir ..
...
Et que ceux qui sont morts restent auprès de Dieu."
Ayham Ahmed espère que la prochaine chanson qu'il composera pourra porter sur la fin du siège du camp de Yarmouk.