Vladimir Poutine a fait savoir samedi qu'il approuvait la trêve unilatérale proclamée par le président ukrainien Petro Porochenko. Le chef du Kremlin a également réclamé des "mesures concrètes" en vue d'un processus de dialogue.
Vladimir Poutine a approuvé samedi 21 juin le cessez-le-feu unilatéral décrété vendredi dernier dans l'est de l'Ukraine par Petro Porochenko. Le président russe estime toutefois que le plan de paix proposé par son homologue ukrainien ne sera pas viable sans "mesures concrètes" pour entamer un processus de dialogue, a déclaré le Kremlin samedi.
Le président russe a, par ailleurs, ajouté que le plan de paix annoncé par Petro Porochenko ne devrait pas s'apparenter à un ultimatum aux séparatistes. "L'occasion offerte par ce cessez-le-feu doit servir de base à l'ouverture de négociations constructives et à un compromis politique entre les parties opposées dans l'est de l'Ukraine", précise un communiqué du Kremlin.
Sans faire référence à l'une ou l'autre des parties en conflit, Moscou a également fait savoir, dans ce même communiqué, que Vladimir Poutine juge inacceptable que des explosions et des fusillades aient été entendues jusqu'en Russie après l'ordre de cessez-le-feu. "Le président russe appelle toutes les parties au conflit à cesser le feu et à s'asseoir à la table de négociations."
Le cessez-le-feu proclamé par les troupes ukrainiennes, sur l'ordre du président Porochenko, est entré en vigueur vendredi à 22 heures locales (19 heures GMT), mais des séparatistes pro-russes ont attaqué plusieurs postes ukrainiens à la frontière avec la Russie ainsi qu'une base militaire, et tenté de pénétrer dans une base aérienne, au cours de la nuit de vendredi à samedi.
Ce cessez-le-feu doit prendre fin le 27 juin. Le même jour, l'Ukraine doit signer le dernier volet d'un accord d'association historique avec l'Union européenne, l'éloignant définitivement du giron russe.
Sur le terrain, les violences se poursuivent
De son côté, l'Ukraine a dénoncé samedi l’attaque séparatiste visant des gardes-frontières dans la région de Donetsk, l'un des bastions rebelles, et ajouté que les gardes avaient répliqué à une deuxième attaque près d'un autre poste frontière quelques minutes plus tard. Selon le service des gardes-frontières, neuf personnes ont été blessées.
Un porte-parole des opérations militaires ukrainiennes a confirmé la deuxième attaque près de Slaviansk. Toutefois un porte-parole de la république autoproclamée séparatiste de Donetsk a affirmé pour sa part que Slaviansk avait essuyé une lourde attaque des troupes ukrainiennes.
Près de Slaviansk, les habitants d'un village continuaient samedi d'entendre des échanges de tirs entre insurgés et forces gouvernementales.
"Ca a tiré hier soir, puis ce matin à partir de 4 heures et ça continue maintenant. Il n'y a pas de cessez-le-feu", a affirmé à l'AFP Lila Ivanovna, dans le village d'Andriivka, près de Slaviansk. Pendant qu'elle parle, l'artillerie ukrainienne installée sur une colline dominant le village tire quelques coups de feu en direction de Slaviansk.
Le nouveau président Petro Porochenko avait indiqué vendredi que le cessez-le-feu unilatéral "ne signifie pas que nous ne répondrons pas en cas d'agression contre nos troupes". "Si les conditions de paix sont violées, l'armée ukrainienne réagira de façon appropriée", a déclaré M. Porochenko samedi au cours d'une visite à des soldats blessés dans un hôpital de Kiev.
Inquiétudes de Kiev
Parallèlement, le chef d'état-major de l'armée russe, Valeri Guerassimov, a indiqué que les manœuvres surprise ordonnées par Vladimir Poutine vont impliquer plus de 65 000 soldats, plus de 180 avions et une soixantaine d'hélicoptères appartenant a des unités basées dans l'Oural et dans l'ouest de la Sibérie, à 400 km de l'Ukraine.
Mais Kiev et ses alliés occidentaux s'inquiètent aussi de la présence de nouvelles forces russes le long de la frontière.
"De telles activités militaires ne contribuent pas à normaliser la situation en Ukraine et dissuadent nos dirigeants de mettre en application leurs initiatives de paix", a déclaré dans un communiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ievgen Perebinisle.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a quant à lui dénoncé samedi une "intensification" des opérations ukrainiennes. "Le fait que ladite opération antiterroriste (de l'Ukraine) connaît une intensification parallèlement à l'avancement du plan de paix est très alarmant et inquiétant", a-t-il jugé.
Avec AFP et REUTERS