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Viadeo, concurrent français de LinkedIn, prêt à entrer en Bourse

En juillet, le réseau social professionnel français Viadeo sera introduit en Bourse. La start-up espère lever 35 millions d’euros pour séduire les investisseurs des pays émergents, dont la Chine où elle comptabilise déjà 20 millions de membres.

C’est parti. Et plus vite que prévu. Le réseau social professionnel Viadeo a annoncé, mercredi 18 juin, son introduction en Bourse pour début juillet. Il y a quelques semaines, le groupe avait évoqué début 2015, mais finalement, "nous avons pu être prêts à temps pour une cotation dès cet été", assure Dan Serfaty, PDG de Viadeo.

La “pépite” internet française, et principale concurrente de l’Américain LinkedIn, sera cotée à partir du 7 juillet sur le marché Euronext Paris où elle espère lever 35 millions d’euros pour financer sa croissance. Cette opération devrait lui permettre d’être valorisée à près de 190 millions d’euros. On est loin, très loin cependant de la capitalisation boursière de LinkedIn, qui vaut 14,3 milliards d’euros à ce jour.

Mais pour la place financière française c’est un événement majeur puisqu'il s'agit de la première introduction en Bourse à Paris d’une start-up de l’Internet ayant un chiffre d’affaires supérieur à un milllion d’euros - ses revenus atteignent 31 millions d'euros - depuis Adenclassified, une régie d’annonces d’emplois sur le Net, en 2007.

Le choix d’Euronext Paris au lieu de Wall Street indique clairement que les ambitions américaines de Viadeo sont minimes... au mieux. “Nous avons une approche qui consiste à dire que nous développons pour chacune des zones géographiques où nous sommes présents une offre adaptée aux spécificités locales pour la population locale. Si nous allions aux États-Unis pour leur dire voici le réseau social professionnel américain pour les Américains, ça les ferait sourire”, affirme Dan Serfaty, PDG et fondateur de Viadeo.

Vingt millions de Chinois et...

Jouer la différence avec LinkedIn semble d’ailleurs être une idée fixe pour les dirigeants du réseau social professionnel français. D'ailleurs, même si, sur le papier, Viadeo est le concurrent du géant américain qui a généré 1,53 milliard de dollars (1,13 milliard d’euros) de chiffre d’affaires l’an passé, les deux entités ont une approche marketing très différente. LinkedIn propose le même service partout dans le monde, alors que Viadeo “a une stratégie multi-locale” qui prend davantage en compte les besoins sur place.

C’est pour cette raison que le groupe français se concentre essentiellement, outre l'Hexagone, sur trois zones géographiques - la Chine, la Russie et l’Afrique francophone - et ne compte pas, pour l’instant, s’étendre ailleurs. Développer une offre spécifique pour chaque pays est plus lourd que déployer le même service partout.

La Chine est l’exemple parfait de la stratégie Viadeo qui y constitue le premier réseau social professionnel avec plus de 20 millions de membres (plus de deux fois plus qu’en France) et vise les 50 millions d’utilisateurs. Mais les Chinois ne savent probablement même pas que leur réseau social professionnel favori est, en fait, bleu-blanc-rouge: ils sont inscrits à Tianji, un site racheté et filialisé en 2007 par Viadeo. Et ça marche : “Nous gagnons 550 000 nouveaux membres par mois en Chine”, assure Dan Serfati.

Reste que l’immense pays asiatique attire toutes les convoitises. LinkedIn a, ainsi, décidé en février 2014 de donner un coup d’accélérateur à ses activités sur place en localisant et traduisant son service qui n’était jusqu’alors disponible qu’en Anglais. Mais Dan Serfati ne croit pas que cela suffira pour lui faire de l’ombre. Il craint davantage d’autres concurrents locaux - comme Dajie - qui savent s’adapter rapidement.

Merci les pays émergents ?

Cette approche pays par pays, qui évite le monde anglo-saxon, chasse gardée de LinkedIn, a permis à Viadeo de séduire plus de 60 millions d’internautes en neuf ans d’existence. Disposer d’une importante base de clients est un atout, mais il faut aussi pouvoir gagner de l’argent grâce à eux … surtout si on veut séduire des investisseurs en vue d’une introduction en Bourse.

À ce jour, plus de la moitié du chiffre d’affaires de Viadeo provient des abonnements “premium” (qui offrent des fonctionnalités avancées comme savoir qui consulte un profil). Problème : dans les pays émergents, cœur de cible du site français, les internautes à la recherche d’un emploi sont bien davantage enclins à utiliser la version gratuite du service.

Le groupe français doit donc chercher d’autres sources de revenus. Il parie, surtout, sur le developpement des services facturées aux recruteurs. En clair, Viadeo souhaite devenir l’intermédiaire de prédilection entre les entreprises et d’éventuelles nouvelles recrues. “Nous comptons, à moyen-terme, faire progresser de 35 % les revenus générés par les services de recrutements”, assure Jean-Paul Alves, directeur financier de Viadeo.

L’espoir du groupe étant que les pays émergents continuent sur leur lancée économique avec des taux de croissance à faire palir un État de la zone euro. Dans ce cas, les entreprises vont avoir besoin de recruter toujours plus, si possible en passant par Viadeo et les actionnaires seront comblés.

Pourtant, les prévisions de croissance pour ces pays se font moins roses. De quoi doucher l'optimisme d'un Dan Serfaty ? Pas du tout, puisqu'il précise que “pour la Chine, il est question de passer d’un taux de croissance de 9 % à 7 %. Ce qui reste très fort”.