
Les Shebab somaliens ont revendiqué, lundi, l'attaque qui a fait une quarantaine de morts la veille dans une ville côtière kenyane. Le groupe islamiste, qui vise directement l'industrie touristique du Kenya, a déclaré le pays "zone de guerre".
Dans un communiqué cité par l'AFP lundi 16 juin, les Shebab affirment avoir lancé un raid contre la localité de Mpeketoni en représailles à "l'oppression brutale des musulmans par le gouvernement kenyan" et à "l'invasion et l'occupation des terres musulmanes et le massacre de musulmans innocents en Somalie par l'armée kenyane".
Les troupes kenyanes interviennent en Somalie dans le cadre d'une force de maintien de la paix de l'Union africaine.
Au lendemain de l'attentat, commis à une trentaine de kilomètres du site touristique de Lamu, la milice somalienne, liée à Al-Qaïda, ajoute un avertissement aux visiteurs étrangers : "Le Kenya est désormais une zone de guerre et chaque touriste visitant le pays le fait à ses risques et périls", poursuit le communiqué.
Bilan provisoire
Au moins 49 personnes ont été tuées dans l'opération de dimanche soir, survenue en pleine retransmission de la Coupe du monde de football. Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière et la plus spectaculaire depuis l'assaut du centre commercial Westgate de Nairobi par un commando shebab en septembre 2013, qui avait fait au moins 67 morts.
Mpeketoni était en état de choc, alors que policiers et militaires étaient déployés en nombre.
"Le bilan est monté à 49 morts", a déclaré à l'AFP une porte-parole de la police, Zipporah Mboroki. Parmi eux figure un policier qui n'était "pas en service". Les victimes sont toutes kényanes, a précisé une porte-parole de la Croix-Rouge.
Les autorités et la Croix-Rouge estiment que le bilan pourrait s'alourdir avec les progrès des sauveteurs dans les bâtiments incendiés.
Selon des sources locales, la zone de Mpeketoni est majoritairement habitée par des chrétiens, alors que la côte, où se concentrent les touristes occidentaux, est essentiellement musulmane.
Les hommes et les non-musulmans ciblés
Une survivante du massacre a déclaré à l'agence Associated Press : "Ils sont venus chez nous vers 20 heures et nous ont demandé en swahili si nous étions musulmans. Mon mari leur a dit que nous étions chrétiens et ils lui ont tiré dans la tête et dans la poitrine."
Un autre habitant, John Wavery, a ajouté que ses deux frères avaient été tués après avoir été incapables de parler somali avec les assaillants.
"Je regardais par la fenêtre et je les ai clairement entendus parler à mes frères en somali. Il semble que sa réponse ne leur a pas plu, et ils l'ont arrosé de balles avant de poursuivre leur route," a-t-il raconté.
Les autorités et les témoins ont ajouté que les hommes armés avaient ciblé les hommes, épargnant les femmes et les enfants.
"Il y avait une cinquantaine d'assaillants lourdement armés, dans trois véhicules. Ils portaient le drapeau des shebab et parlaient en somali. Ils criaient Allah Akbar" (Dieu est le plus grand), a déclaré à l'AFP le préfet adjoint du département, Benson Maisori.
Ils ont d'abord attaqué le poste de police local mais ont été repoussés, selon la porte-parole de la police. Ils ont ensuite ouvert le feu dans la rue, avant d'attaquer des hôtels et des restaurants où les clients attablés regardaient à la télévision le Mondial de football au Brésil. Au moins 20 véhicules et plusieurs bâtiments ont été incendiés.
L'attaque a duré plusieurs heures et le commando a ensuite semé la terreur alentour, notamment dans le village de Kibaoni, à environ six kilomètres de Mpeketoni.
"La sécurité a été renforcée à travers le pays", a affirmé le ministre de l'Intérieur Ole Lenku. "La ligne rouge a été franchie", a-t-il lancé, dénonçant un "acte de haine".
Avec AFP, AP et Reuters
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