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Colombie : Santos réélu, le processus de paix avec les Farc continue

Artisan de négociations de paix avec les Farc, Juan Manuel Santos a été réélu à la présidence de la Colombie avec 50,8 % des voix. Son rival, Oscar Ivan Zuluaga, détracteur de ces pourparlers, n'a recueilli que 45,1 % des suffrages.

La Colombie peut reprendre, lundi 16 juin, le chemin de la paix après la réélection de Juan Manuel Santos à la présidence du pays. Vainqueur du second tour de la présidentielle avec 50,9 %, Santos accède de nouveau à la magistrature suprême au terme d’une élection, qui a pris l’allure d’un référendum sur la stratégie à mettre en œuvre pour mettre fin à la guérilla marxiste dans le pays. Le gouvernement lutte depuis un demi siècle contre les guérillos d’extrême-gauche, les Forces armées révolutionnaires (Farc) et l’Armée de libération nationale (ELN).

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Pendant sa campagne, Juan Manuel Santos a toujours été favorable à la poursuite du dialogue avec les révolutionnaires armés. Il est l’artisan de négociations de paix menées depuis 19 mois à Cuba avec les Farc. Face à lui, son rival malheureux, Oscar Ivan Zuluaga, qui prônait l’arrêt immédiat des pourparlers de paix, a reconnu sa défaite. "Le combat continue, demain est un autre jour, a-t-il lancé. Cette élection confirme que la Colombie est une grande démocratie latino-américaine et nous sommes heureux de continuer à la défendre."

Lors du discours de sa victoire, Santos, 62 ans, a promis d'obtenir une "paix juste" et sans "impunité". "Nous aurons des moments difficiles pour garantir qu'elle soit non seulement juste mais durable", a-t-il admis.

Pour Jorge Alberto Retrepo, directeur du Centre de recherches spécialisé dans le conflit (CERAC), "le processus de paix sort renforcé [de cette élection] et se voit de plus en plus viable", a-t-il expliqué à l'AFP. Le président réélu aurait toutefois tort de crier victoire trop vite. Son score, relativement modeste, révèle un soutien en demi-teinte dans un pays de 47 millions d'habitants, où la pauvreté touche le tiers de la population malgré une croissance supérieure à 4 %.

Le rôle de l’opposition

Le président sortant, qui prêtera serment en août prochain, doit préciser sa stratégie après avoir noué, entre les deux tours, des alliances avec les partis de gauche au nom de la paix.

"Le gouvernement se retrouve avec des dettes politiques envers [ses alliés] et les guérillas elles-mêmes qui l'ont aidé dans sa campagne et qui peuvent maintenant prétendre à participer dans le nouveau gouvernement", estime Ruben Dario Acevedo, historien à l'Université nationale, tout en observant qu'il reste "une partie de la population exigeante à l'égard des pourparlers de paix."

Reste aussi à déterminer le rôle que jouera l'opposition de droite incarnée par son adversaire malheureux, qui a recueilli 45,02 % des voix, le reste ayant été comptabilisé en vote blanc.

Ivan Oscar Zuluaga, restait partisan de la relance de la politique de fermeté menée par son mentor, l'ancien président Alvaro Uribe, avec l'appui des États-Unis. Uribe a rompu avec Juan Manuel Santos lorsque ce dernier a opté pour la négociation, après huit ans d'une dure répression militaire, qui a coûté la vie à plusieurs chefs de file des Farc et qui a divisé par deux les effectifs du mouvement marxiste.

Les discussions, qui se déroulent actuellement à Cuba entre le gouvernement et les Farc, ont pourtant commencé à porter leurs fruits. Les Farc ont notamment accepté récemment de renoncer au trafic de drogue.

Avec AFP et Reuters