Trois chefs de gouvernement opposés à la candidature de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne, et Angela Merkel, plus nuancée, sont réunis en Suède depuis lundi. La sélection du président de l'institution reste contestée.
En Suède, un sommet réunit jusqu'au 10 juin trois chefs de gouvernement opposés à la candidature de Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission européenne, dont le Premier ministre britannique David Cameron, qui a intensifié son offensive contre l’arrivée de l’ancien premier ministre Luxembourgeois à la tête de l'institution.
La chancelière allemande Angela Merkel, également présente en Suède et favorable à Jean-Claude Juncker, se retrouve dans une situation de plus en plus inconfortable, à mesure que de nouveaux dirigeants de l’UE se prononcent contre cette candidature.
Le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt a invité, les 9 et 10 juin, dans sa résidence d'été à Harpsund, à une centaine de kilomètres de Stockholm, outre Angela Merkel et David Cameron, le Premier ministre des Pays-Bas Mark Rutte.
Décision des dirigeants européens le 27 juin
Hormis les questions économiques, habituelles lors de ce type de rencontre, il y a la question épineuse du successeur de José Manuel Barroso à la tête de la Commission européenne. "Nous avons convenu de ne pas en parler", a assuré Fredrik Reinfeldt sur la radio publique suédoise.
Les dirigeants européens ne vont pourtant pas pouvoir éviter le sujet éternellement. Les 26 et 27 juin, tous les chefs d'État et de gouvernement de l’UE doivent se retrouver à Bruxelles pour se mettre d'accord sur une proposition de nom.
C'est la première fois que ce mécanisme institutionnel de choix est testé. Le président de la Commission est choisi par les dirigeants européens, et ce choix doit être ensuite approuvé par le Parlement européen, en juillet. Le Parti populaire européen (PEE), de centre droit, qui a obtenu le plus grand nombre d'élus aux dernières élections européennes, a ainsi choisi l'ancien Premier ministre luxembourgeois comme candidat.
Un processus de sélection contesté
Mais ce nouveau mécanisme de désignation du président de la Commission est loin de faire l’unanimité. Le Premier ministre suédois a remis en cause le processus, bien que son parti soit affilié au PPE. Pour lui, le soutien du plus grand groupe au Parlement européen, dont se prévaut Juncker, ne doit pas être le critère unique, et la décision définitive doit être prise par les exécutifs des États membres.
"Nous ne sommes pas favorables à l'idée parce qu'elle rendrait les choses impossibles pour tout autre candidat et qu'elle exclurait un grand nombre de présidents de la Commission potentiels", a déclaré Fredrik Reinfeldt au "Financial Times", sans nommer son candidat préféré.
David Cameron est sur la même ligne, et espère pouvoir imposer un veto. La Grande-Bretagne s'est d’ailleurs lancée dans une campagne anti-Juncker, qui a pris une tournure virulente dans la presse. Le Premier ministre anglais, qui juge le Luxembourgeois trop fédéraliste, a appelé ces derniers jours le président du Conseil italien Matteo Renzi et le Premier ministre hongrois Viktor Orban pour défendre son point de vue.
Le Premier ministre conservateur a averti le mois dernier ses partenaires qu'il ne pourrait garantir le maintien du Royaume-Uni dans l'UE si Juncker obtenait la présidence de la Commission.
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte fait aussi partie des opposants au Luxembourgeois. Comme les Tories de Cameron, son parti – libéral - n'appartient pas au PPE. Et il pense également qu’il n’est "pas automatique" que les vainqueurs des élections européennes choisissent le président de la Commission.
L’Allemagne et la France plus nuancées
La position allemande est plus ambiguë. Angela Merkel a affirmé son soutien au candidat du PPE, mais elle a aussi dit qu'elle trouvait "grossièrement irresponsable et en fait inacceptable" l'attitude de ceux qui veulent se passer de l'avis de l’exécutif anglais sur le sujet.
Paris a d'abord montré des réticences à la candidature de Juncker, mais semble aujourd'hui soutenir l'homme politique luxembourgeois. Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a déclaré dimanche que les États membres de l'Union devaient obéir à la "logique démocratique" en désignant Jean-Claude Juncker pour la présidence de la Commission.
Une solution pourrait être le retrait de Jean-Claude Juncker en faveur d'une autre personnalité de droite plus consensuelle. Mais celui-ci ne semble pas l’envisager. Son porte-parole, Martin Selmayr, a écrit sur Twitter que parmi les événements qui avaient "une chance de se produire en juin-juillet", il y avait une victoire du Luxembourg à la Coupe du monde, la neige au Sahara et l'abandon de Juncker.
Avec AFP et Reuters