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La dernière sortie de Jean-Marie Le Pen embarrasse de nouveau le FN

Le dernier dérapage de Jean-Marie Le Pen, qui a suggéré une "fournée" pour le chanteur Patrick Bruel, crée le trouble au sein même du parti frontiste de Marine Le Pen. Père et fille multiplient les déclarations par médias interposés.

La guerre serait-elle déclarée entre le père et la fille ? Les attaques fusent entre Marine Le Pen et les dirigeants du Front national (FN) d'un côté, et Jean-Marie Le Pen de l'autre, depuis le dernier dérapage du fondateur et président d'honneur du parti révélé dimanche.

Dans une vidéo diffusée sur le site du Front national, et qui n'est plus accessible, Jean-Marie Le Pen s’en prend aux artistes anti-FN dont il suggère de faire une "fournée", notamment pour le chanteur Patrick Bruel. Des propos qu'il a réitérés lundi 9 juin à l'antenne de RMC, récusant toute connotation antisémite. Parmi ces artistes qui se sont publiquement inquiétés du score sans précédent du FN aux élections européennes en France (25 %), on compte également Yannick Noah ou encore Madonna.

À l'intention de sa fille, qui a qualifié ses propos de "faute politique", il réplique "que la faute politique, c'est ceux qui se sont alignés sur la pensée unique. Ils voudraient ressembler aux autres partis politiques".

Malaise au Front national

Ce nouveau dérapage de Jean-Marie Le Pen met le Front national dans l’embarras alors même que Marine Le Pen avait réussi à prendre des distances avec le passé sulfureux de son père.

Dimanche, la fille du fondateur du Front national a dû monter au créneau. Elle a regretté la "faute politique" de son père, tout en se disant "convaincue que le sens donné à ses propos relève d'une interprétation malveillante". "Ne pas avoir anticipé l'interprétation qui serait faite de cette formulation est une faute politique dont le Front national subit les conséquences", a-t-elle ajouté.

Jean-Marie Le Pen avait confié, sur BFM TV le même soir, vivre cette déclaration de Marine Le Pen "un petit peu" comme une trahison avant de rappeler qu'il était nommé "à vie" président d'honneur du parti d'extrême droite.

Condamnations des organisations antiracistes

Plusieurs associations antiracistes ont d'ores et déjà annoncé qu'elles saisiraient la justice. C'est le cas de SOS Racisme, pour qui la déclaration de Jean-Marie Le Pen relève "du plus crasse logiciel antisémite et non du simple dérapage" et "renoue là avec ses sorties sur le ministre Durafour et sur la Shoah". Le président d'honneur et fondateur du Front national n'en est pas à son premier dérapage, il a été condamné à plusieurs reprises pour des propos controversés sur la Shoah, notamment pour avoir qualifié les chambres à gaz de "détail", ou pour un jeu de mot sur "Durafour crématoire" en 1988, visant le ministre Michel Durafour.

Le MRAP, quant à lui, estime que les responsabilités de Jean-Marie Le Pen au sein du FN témoignent de "l'adhésion idéologique" du parti à ses "thèses racistes". L'Union des étudiants juifs de France (UEJF) évoque pour sa part un "rappel supplémentaire de la nature raciste et antisémite" du FN, et la Licra y voit "l'ADN" même du parti. Le Congrès juif européen va plus loin, et demande la levée de l'immunité parlementaire de Jean-Marie Le Pen qui siège au Parlement européen depuis 1984.

Marine Le Pen ne sera pas épargnée non plus, en tant que présidente actuelle du FN et directrice de publication du site de son parti. SOS racisme et l’UEJF ont annoncé qu’elles porteraient plainte contre elle dans les prochains jours pour "injure à caractère racial".

Avec Reuters et AFP