À 31 ans, Franck Ribéry a été contraint de déclarer forfait pour le Mondial-2014, le dernier qu'il comptait disputer. Toutefois, malgré le talent du joueur, ses statistiques avec les Bleus permettent de relativiser son absence.
"Évidemment qu’avec un Frank Ribéry à 100%, je ne vous cache pas qu’on est plus performant". Didier Deschamps, le sélectionneur national, le sous-entend, avec Ribéry qui a déclaré forfait vendredi 6 juin pour le Mondial brésilien, l’équipe de France joue mieux.
"Joueur majeur", "indispensable" selon leurs propres termes, les Bleus sont orphelins de leur leader technique et de leur boute-en-train numéro un. Depuis Clairefontaine, les joueurs ont exprimé, à l’unisson, leurs regrets après le départ forcé de l’ancien Marseillais. Même Michel Platini, le président de l’UEFA, a déploré le forfait de Franck Ribéry : "C'est une grosse perte pour l'équipe de France. Un coup dur. Franck est un joueur très important, il a été désigné numéro 1 de l'année par l'UEFA (…)".
Les chiffres sont cruels avec "Franky"
Alors quoi, ça veut dire que les tricolores doivent revoir leurs ambitions à la baisse, qu’ils ne peuvent rien gagner sans "Franky" ? Rien n’est moins sûr si l'on s'en tient aux statistiques. À l’évidence, le Munichois, troisième du Ballon d’Or 2013, est un joueur hors pair dans l’effectif de l’équipe de France. Ainsi, le joueur le plus expérimenté (81 sélections, 16 buts) des 23 initialement retenus par Didier Deschamps, est directement impliqué dans 11 des 18 buts français marqués (5 réalisations, 6 passes décisives) durant les éliminatoires du Mondial brésilien. Un bilan éloquent qui plaide en faveur du dynamiteur de l’aile gauche, lorsqu’il est en forme.
Toutefois, les chiffres sont cruels. Ils démontrent en effet que les Bleus gagnent plus souvent sans Frank Ribéry. Depuis sa première sélection en mai 2006, il n’a remporté qu’un match sur deux avec le maillot français sur le dos. Sans lui, le pourcentage de victoire remonte nettement (61%, au lieu de 50%). Pis, avec lui les Bleus ont perdu 16 matchs, et seulement 7 en son absence. Idem pour le nombre de buts marqués par match (1,37 contre 1,56 sans le natif de Boulogne-sur-Mer).
En outre, n’oublions pas que Frank Ribéry n’a été d’aucun secours lors des phases finales qui ont suivi le Mondial-2006. Son but décisif en 8e contre l’Espagne, reste le dernier. Transparent lors de l'Euro-2008 à l’image des Bleus (élimination au 1er tour), "mutin" de Knysna en 2010 en Afrique du Sud (élimination au premier tour), et à nouveau quelconque lors de l’Euro-2012 en Ukraine et en Pologne (élimination en quarts de finale). Une trajectoire indigne de son talent indéniable, qu’il n’a de cesse de démontrer en club, sous les couleurs du Bayern Munich.
Dans l’ombre de Ribéry
Enfin, réputé pour son humour autant que pour ses humeurs versatiles, "Franky" prenait également une place considérable dans le groupe et le vestiaire, intimidant peut-être des leaders qui s’ignorent. Son départ laissera un vide que les joueurs les plus expérimentés (Cabaye, Lloris, Matuidi) devront rapidement combler, ce qui leur fera passer un nouveau cap pour le plus grand bénéfice des Bleus. "Il y a quatre ans, le forfait de Michael Ballack [star incontestée de la Mannschaft, NDLR] pour la Coupe du monde en Afrique du Sud avait libéré certains joueurs allemands, sur le terrain comme en dehors", rappelle "L’Équipe".
Aux Bleus désormais de démontrer qu’ils peuvent vivre et vaincre sans Frank Ribéry, comme lors de leurs derniers matches amicaux, où ils ont laissé entrevoir de belles choses. Surtout côté gauche. Comme quoi…